Rien ne va plus entre la Simpral et le secrétariat d'Etat chargé de la Communication. Le collectif des travailleurs de la doyenne des imprimeries (1983) vient d'exprimer son rejet des « injonctions » venant précisément du chef de cabinet du secrétaire d'Etat chargé de la Communication, El Tahar Bidiar, qui, affirme-t-il, portent un préjudice considérable à l'entreprise. Les travailleurs le signifient clairement au Premier ministre, par le biais d'une lettre ouverte dont nous publions l'intégralité. « Au nom de l'ensemble des travailleurs de la Société d'impression d'Alger (Simpral), mobilisés autour de la sauvegarde de leurs emplois, nous sollicitons vos instructions diligentes pour mettre un terme aux ingérences illégales du chef de cabinet du secrétaire d'Etat chargé de la Communication », écrit le collectif dans cette missive qui porte la griffe du SG de la section syndicale, Abdelhamid Bounouh. La sollicitation du Premier ministre intervient après l'échec de toutes les voies de recours et de toutes les tentatives de concertation et de dialogue avec leur tutelle. « Nous avons demandé à rencontrer les responsables au niveau du secrétariat d'Etat à la communication dont le chef de cabinet lui-même, en vain. Toutes nous tentatives se sont soldées par un échec », précise M. Bounouh, que nous avons rencontré avec deux autres membres du syndicat, à savoir Khaled Chikh et Djamel Kharbouche. Ces syndicalistes accusent le chef de cabinet de s'être dressé devant leurs efforts, visant le recouvrement des créances de la Simpral qui s'élève à près de 130 milliards de centimes. « Nous avons intenté une action en justice contre certains de nos clients qui ont cumulé des factures impayées et lorsque nous avons eu gain de cause, il nous envoie une note nous demander de ne pas mettre à exécution la décision de justice. C'est ahurissant ! », s'exclame M. Bounouh tout en exhibant une copie de la note. Aussi, explique-t-il, le chef de cabinet leur aurait fait perdre un marché de plus de 500 millions de centimes par mois avec un journal hebdomadaire. Le motif ? La Simpral ne doit pas travailler la nuit de jeudi à vendredi, car vendredi est consacré à la maintenance. « Dans le respect de la note, nos rotatives n'ont pas tourné la nuit du jeudi à vendredi, correspondant au 4 septembre 2009, en annulant les tirages déjà convenus et négociés. Durant la même nuit, les tirages refusés par la Simpral conformément aux instructions hiérarchiques ont connu une parution chez un imprimeur de même statut et de même vocation », est-il souligné dans la lettre adressée au Premier ministre. « Comment nous obliger à ne pas travailler la nuit du jeudi ou vendredi et nous faire perdre un marché important et laisser un autre imprimeur de même statut jouir du même marché. Cela est inacceptable et injuste », tempête Chikh Khaled. Le collectif voit cela comme une injonction visant à favoriser un imprimeur au détriment d'un autre. Portant les deux imprimeurs en question (Simpral et SIA) appartiennent à l'Etat. Tout en dénonçant cette note « qui s'impose à la Simpral et ne produit aucun effet sur un autre imprimeur relevant du même secteur, le collectif des travailleurs s'interroge sur les objectifs assignés à ces injonctions. Cela au moment où les travailleurs espèrent amortir le lourd investissement qu'ils ont fait en dotant la société d'une nouvelle rotative ». « Nous avons commencé à faire revenir d'anciens clients et à en attirer d'autres, et voilà que nous nous retrouvons à chaque fois avec des blocages », fait remarquer M. Bounouh, qui n'hésite pas à rappeler la situation critique de la société qui est au bord de la l'asphyxie financière en raison des créances. Le collectif des travailleurs ne comprend d'ailleurs pas pourquoi la SIA (étatique) accepte d'imprimer à des clients qui quittent la Simpral en laissant de lourdes ardoises impayées. « Il y a une clause qui oblige le client de s'acquitter d'abord de ses dettes pour qu'il puisse changer d'imprimeur. Pourquoi on ne la respecte pas ? », se demande-t-on. Aussi, le collectif évoque, dans ce sillage, la tentative de filialisation de l'entreprise à l'insu des travailleurs. « Nous l'avons lu sur le journal et nous avons posé nos conditions auxquelles aucune suite n'a été donnée », précise M. Bounouh. Parmi ces conditions, la pérennité de l'entreprise, le paiement du complément de l'investissement consenti et la préservation de la totalité des travailleurs. La Simpral compte actuellement un effectif de 81 personnes. Autrement dit, elle fait vivre 81 familles. « Avant, nous étions une centaine. Mais depuis que le doute plane sur l'avenir de l'entreprise, certains ont préféré prendre une retraite anticipée »", souligne Djamel Kharbouche. Imprimant jadis près d'une centaine de titres, cette entreprise ne compte plus que sept quotidiens, deux hebdomadaires et un mensuel. Les travailleurs se sentent « trahis » par leur tutelle qui ne fait rien pour les aider. Au contraire… Ils espèrent ainsi que le Premier ministre interviendra pour sauver leur entreprise.