Les Nations unies organiseront des pourparlers de paix pour le Yémen, le 14 juin, à Genève. Selon Ban Ki-moon, partisans du président Hadi et représentants des rebelles houthis ont donné leur accord. Premier objectif de ces pourparlers, initiés par les Nations unies qui les souhaitent « de bonne foi et sans conditions préalables », mettre en place un cessez-le-feu et un plan de retrait des rebelles des zones conquises et augmenter l'aide humanitaire. La rébellion chiite soutenue par des militaires, fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, emboîte le pas au gouvernement du président Abd Rabdo Mansour Hadi, exilé à Riyad. Elle a donné son accord de principe pour participer à ces pourparlers avec le gouvernement pour tenter de mettre fin à la guerre qu'ils se livrent depuis plusieurs mois. Vendredi dernier, l'ONG Action contre la faim a appelé la coalition arabe à « lever immédiatement le blocus naval, terrestre et aérien », imposé au Yémen, et dont les civils sont les premières victimes. Le conflit, qui a fait près de 2.000 morts, a poussé plus de 545.000 personnes à quitter leur domicile, selon l'ONU. « Nous avons accepté l'invitation de l'ONU à aller à la table du dialogue à Genève sans conditions préalables », déclare Daifallah al-Shami, membre politique du mouvement Ansaruallah, dont se réclame la rébellion qui exigeait jusque-là avant toute discussion l'arrêt des frappes aériennes que mène la coalition arabe sous commandement saoudien depuis le 26 mars dernier. Et de préciser : « Nous n'accepterons aucune condition. » Dans une allusion au gouvernement en exil, qui posait, lui aussi, un préalable à la mise en œuvre de la résolution 2216 du Conseil de sécurité appelant au retrait des Houthis des territoires qu'ils ont conquis depuis juillet 2014, il déclare : « Si une quelconque partie a des conditions, qu'elle les expose à la table des négociations. » Shami s'attend à « la participation de toutes les forces politiques impliquées dans le précédent round du dialogue à Sanaâ » suspendu avec le début des frappes de la coalition. A Riyad, le ministre de l'Information par intérim, Ezzedine al-Isbahi, a confirmé, certes, la participation de son gouvernement à ces pourparlers mais il a précisé juste après l'équipe qui ira à Genève sous la conduite d'Abdel Karim al-Ariani, une figure de proue du Congrès populaire général et conseiller politique de Hadi, limitera ses « consultations » à la mise en œuvre de la résolution 2216. Ban Ki-moon espère que ces pourparlers permettront de faire repartir un processus de transition pacifique ordonné, et qui inclut toutes les parties. Mais avant de se rendre à Genève, chaque partie montre ses muscles et tente de se positionner. Depuis samedi, le conflit connaît une nouvelle escalade, avec des attaques d'envergure contre l'Arabie saoudite en riposte à une intensification des raids aériens de la coalition. Les rebelles houthis ont tiré pour la première fois un missile Scud en direction du sud du royaume. En représailles, les avions de combat de la coalition ont bombardé plusieurs sites militaires et positions tenus par les rebelles dans le nord du Yémen, dont la capitale Sanaâ, mais aussi dans le Sud.