Signes de début de concertations pour une possible sortie de crise ? Le gouvernement en exil et le mouvement des Houthis, principaux protagonistes de la guerre qui fait rage au Yémen, ont formellement accepté de participer à des pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU, provisoirement fixés au 14 juin prochain à Genève. Ces annonces ont été faites par Ezzedine Al-Isbahi, le ministre de l'Information du gouvernement yéménite en exil à Riyad, et Daifallah Al-Chami, un membre du bureau politique du mouvement Ansaruallah, dont se réclament les Houthis. «Le gouvernement a accepté de participer aux pourparlers de Genève», a déclaré Al-Isbahi, ajoutant qu'il s'agira de «consultations pour la mise en œuvre de la résolution 2 216» du Conseil de sécurité de l'ONU. Cette fameuse résolution prévoit notamment le retrait des Houthis des territoires conquis depuis le début de leur offensive l'an dernier. Or le mouvement des Houthis n'entend nullement se conformer à une résolution considérée comme partiale et ne prenant pas en compte les droits des populations locales soumises à une intervention militaire étrangères. Même si Daifallah Al-Chami a indiqué que son mouvement avait «accepté l'invitation de l'ONU à aller à la table du dialogue à Genève sans conditions préalables», il est fort à parier que les négociations seront tendues tant les antagonismes restent extrêmes. Al-Chami a dit s'attendre à «la participation de toutes les forces politiques impliquées dans le précédent round de dialogue à Sanaa», suspendu avec le début des bombardements. Abdel Karim Al-Ariani, une figure de proue du Congrès populaire général (CPG) «fera partie de la délégation gouvernementale en sa qualité de conseiller politique de Hadi». Le CPG est le parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, dont les unités militaires qui lui sont restées fidèles combattent aux côtés des Houthis. Le Yémen est le théâtre d'une guerre sanglante aux conséquences pouvant s'avérer désastreuses pour tous les pays de la région. Riyad dirige depuis plus de deux mois une coalition de huit pays arabes qui effectue quasi-quotidiennement des bombardements à travers le Yémen, dans l'objectif serait de fragiliser les Houthis et d'imposer de nouveau la légalité antérieure. En lançant sa campagne guerrière, le royaume saoudien a affirmé chercher à contrer l'influence dans la région du grand rival iranien, accusé malgré ses multiples démentis d'armer les Houthis. Depuis que les Houthis sont entrés dans la capitale Sanaa, en septembre, et ont avancé vers Aden au sud, affrontant des forces fidèles au président Abdrabbou Mansour Hadi, contraint à fuir fin mars en Arabie saoudite, les événements se sont accélérés au Yémen basculant vers une guerre ou le risque d'enlisement devient patent. Ce conflit fratricide a fait près de 2 000 morts et poussé plus de 545 000 personnes à quitter leur foyer, selon les Nations unies. M. B./Agences