Des pourparlers de paix sur le conflit qui secoue le Yémen vont débuter le 28 mai à Genève, a annoncé mercredi l'Onu, alors que le gouvernement en exil a d'ores et déjà exigé un retrait des milices d'Ansaruallah (houthies) des régions qu'ils ont conquises dans le pays. La réunion de Genève doit permettre de "restaurer la dynamique d'un processus de transition politique sous l'égide des Yéménites", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Selon son porte-parole, M. Ban espère que les pourparlers "aideront à relancer le processus politique au Yémen, réduire le niveau des violences et soulager le fardeau humanitaire, devenu insupportable". A l'ONU, les ambassadeurs des 15 pays du Conseil de sécurité tenaient mercredi des consultations à huis clos sur le Yémen. Plusieurs analystes ont estimé que les milices houthies, à l'origine de la complication de la situation au Yémen, et les Comités populaires proches du président Abd Rabbo Mansour Hadi sont devenus avec la prolongation du conflit, "une partie de la solution", à même de ne pas les contourner dans tout processus de sortie de crise. Lors de la conférence politique tenue récemment à Ryadh autour du thème: "Pour sauver le Yémen", de nombreux analystes avaient également jugé qu'elle n'a pas apporté une contribution substantielle en matière de préparation du terrain pour un dialogue, en raison de la non-participation, aux débats, des Comités populaires issus du Mouvement houthi, Ansaruallah, et les milices pro-Hadi. L'ambassadeur à l'ONU Khaled Alyemany a précisé mercredi que la réunion de Genève devait durer trois jours. Il s'agit "de convaincre les Houthis de renoncer à ce qu'ils font et de faire partie d'un règlement", a-t-il souligné. L'ambassadeur a rejeté l'idée de suspendre les raids de la coalition pendant les négociations, estimant que les Houthis devaient d'abord "cesser leurs opérations et comprendre que les Yéménites ne les accepteront pas de force". Il a d'autre part catégoriquement rejeté une éventuelle participation de l'ancien président Ali Abdallah Saleh aux discussions de Genève. M. Saleh "ne fait plus partie de l'équation". Le gouvernement pose des conditions Le gouvernement yéménite en exil exige que les milices d'Ansaruallah se retirent des régions qu'elles ont conquises, avant de participer aux négociations de Genève, a affirmé mercredi son ministre des Affaires étrangères. "Nous n'irons pas (à Genève) à moins d'un développement sur le terrain", a déclaré le ministre Riyadh Yassine. Il a ajouté que son gouvernement n'avait pas été invité officiellement à la réunion, que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a convoquée. M. Yassine a affirmé que même s'il était invité, le gouvernement du président Hadi n'irait pas à Genève sans un début d'application de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU comme signe de "bonne volonté". Adoptée en avril, cette résolution presse les Houthis à se retirer des villes et des territoires qu'ils ont conquis depuis le lancement de leur offensive, et leur impose un embargo sur les armes. Poursuite des raids de la Coalition sur Sanaa Sur le terrain, la Coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite a de nouveau bombardé mercredi des positions de la rébellion chiite dans les la capitale yéménite Sanaa, provoquant un exode de la population des secteurs visés, ont rapporté des témoins cités par des médias. "Sanaa a connu dans la nuit les raids les plus violents depuis le début de la campagne de frappes" de la coalition il y a près de deux mois, a affirmé un témoin. Cette intensification des raids sur la capitale, aux mains d'Ansaruallah, intervient après l'expiration, dimanche, d'une trêve humanitaire de cinq jours, que la coalition n'a pas reconduite en accusant la rébellion d'avoir profité de cette pause pour se renforcer. Tôt mercredi, des dépôts d'armes à Jebel Noqom, à l'est de Sanaa, à Jebel al-Nahdain (Sud) et à Fajj Attane (sud-ouest) ainsi que le Palais présidentiel (Sud) ont été bombardés à plusieurs reprises, après avoir été touchés en soirée par des nombreux raids. Une coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, a lancé le 26 mars des frappes aériennes contre les milices houthies qui se sont emparés depuis septembre de régions entières du Yémen, forçant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à se réfugier en Arabie saoudite. Selon l'ONU, a fait quelque 1.850 morts et 7.394 blessés depuis mars et a poussé plus de 545.000 personnes à quitter leur foyer.