« L'orchestre des aveugles » (jawq el-oumyine), du cinéaste marocain Mohamed Mouftakir, a été projeté, lundi dernier, à la salle Maghreb d'Oran, dans le cadre de la compétition longs métrages de la 8e édition du Festival international d'Oran du film arabe (FIOFA). Cette œuvre, qui lui a valu le prix du meilleur réalisateur lors du dernier Festival national du cinéma de Tanger, a pour contexte, selon le synopsis officiel, les premières années du règne d'Hassan II. Houcine (rôle campé par Younes Megri), fan de son nouveau roi, est le chef d'un orchestre populaire. Lui et sa femme, Halima (Mouna Fettou), habitent dans la maison de famille de celle-ci, une maison animée, aux personnages hauts en couleur qui vivent au rythme de l'orchestre et de ses danseuses traditionnelles, les chikhates. Les musicien hommes de cet orchestre bien particulier sont parfois obligés de se faire passer pour des aveugles afin de pouvoir jouer dans les fêtes uniquement réservées aux femmes, organisées par des familles marocaines conservatrices. Houcine est également l'heureux père de Mimou (Ilyas El Jihani). Il prend son rôle très à cœur et souhaite le meilleur pour son fils. Dès l'école primaire, il lui impose d'être le premier de sa classe. Mais Mimou va rapidement tomber amoureux de Chama, la nouvelle bonne de leur voisine, et pour ne pas décevoir son père, il va tricher en falsifiant son bulletin de notes. A travers ce film, favorablement accueilli par la critique depuis sa sortie en 2014, Mohamed Mouftakir revient sur une partie de son enfance, questionnant son vécu et sa relation avec son père jusqu'à sa mort survenue alors qu'il avait 11 ans. « Il s'agit d'une comédie sociale à 50 % autobiographique », a confié le réalisateur qui était accompagné des artistes Younes Megri et Salima Benmoumene. Fils du violoniste Houcine Mouftakir (dit Budra), Mohamed Mouftakir est né en 1965 à Casablanca où il fit des études supérieures en littérature anglaise avant de suivre des cours de réalisation et d'écriture de scénarios. Un de ses premiers courts métrages, « Chant funèbre » (2007), fut primé à l'international, notamment au Festival panafricain du cinéma et de la télévision d'Ouagadougou (Fespaco, Burkina Faso). En 2009, son premier long métrage, « Pégase » (2009) le hisse parmi les grands espoirs du cinéma marocain après avoir remporté plusieurs récompenses dans divers Festivals cinématographiques, dont le Grand prix du Festival de Tanger (2010) et L'Etalon d'or du Fespaco (2011). « L'orchestre des aveugles » figure parmi les douze œuvres en compétition dans la catégorie des longs métrages du 8e FIOFA. Dix pays sont représentés dans cette catégorie, l'Algérie, l'Egypte, la Syrie, la Jordanie, la Palestine, le Maroc, le Yémen, le Liban, la Tunisie et les Emirats arabes unis. Les visionnages, programmés à raison de deux séances quotidiennes, se déroulent sous la supervision du jury présidé par le critique de cinéma libanais, Ibrahim El-Aris.