Photo : Fouad S. Huit amendements ont été proposés par les députés au texte de loi relatif à la cinématographie, a-t-on appris hier d'une source proche de l'Assemblée populaire nationale. Ladite loi sera soumise au vote le 20 décembre prochain. Il est temps de propulser en avant le cinéma algérien né dans les maquis de la Révolution algérienne, s'accordent à dire certains partis politiques et experts du domaine contactés hier par téléphone, dont le FLN qui estime, par la voix de M. Kassa Aissi, membre du bureau politique en charge de la communication, que le cinéma algérien a besoin d'un sang neuf et d'une dynamique nouvelle, à travers des dispositions appropriées, afin d'en faire un support de communication réconciliateur en premier lieu. Cela doit être mis en œuvre dans le cadre d'une industrie cinématographique rénovée sur tous les plans, soit en termes de production, de formation, de réalisation ou de distribution. Le but étant de reconquérir la place qu'occupait le cinéma algérien durant les années 70, s'agissant d'un outil «d'expression des nations». Pour ce qui est de l'article 5 de la loi en question indiquant que la production des films relatifs à la guerre de libération nationale et à ses symboles est soumise à l'approbation préalable du gouvernement, M. Aissi se dit favorable à cette mesure, au vu de l'impact que peut engendrer ce genre de films sur l'opinion publique. «DONNER AU PRODUIT CULTUREL UN SENS VERITABLE» Pour réaliser un produit de «qualité» en ce sens, le représentant du FLN estime qu'il est temps de se mettre au diapason des normes appliquées de par le monde, afin de faire ancrer cette culture au sein de la société, quelque peu secouée par les séquelles de la tragédie nationale. En guise de conclusion, M. Aissi est convaincu qu'il est temps «de donner au produit culturel un sens véritable», en constatant toutefois que «le cinéma algérien est devenu aujourd'hui un cinéma de circonstance». Et «cette loi peut assurément booster le secteur dans le sens voulu». Pour ce qui est du contrôle du produit cinématographique, Aissi souligne le fait d'impliquer les présidents d'APC dans la réouverture des salles de cinémas, d'autant plus que la tutelle l'avait sollicité faciliterait l'opération. Notre interlocuteur estime que la mise en œuvre d'une telle loi, dans un secteur qui a beaucoup à rattraper, servirait à faire revenir les ambiances conviviales d'autrefois, et ce dans le cadre de la «lutte contre la désertification culturelle». «LE CONTRÔLE DE L'ETAT EST INDISPENSABLE» Pour ce qui est du MSP, ayant proposé, pour sa part, cinq amendements, M. Aboubekr Mohamed, président du groupe parlementaire du parti, se dit contre la levée de tout contrôle sur les produits cinématographiques, comme stipulé dans le texte de loi, hormis l'article 5 qui évoque uniquement les films dont le thème porte sur la guerre de libération. «Le contrôle de l'Etat est indispensable», déclare-t-il, et ce dans le cadre de l'intérêt national. La loi, explique-t-il, indique que tous les produits cinématographiques doivent être soumis à une commission d'approbation, avant d'avoir l'aval du ministre en charge du secteur. C'est le contraire qui devrait se faire, puisque l'acceptation de l'idée ou du scénario doit être l'émanation d'abord du représentant du gouvernement. Pour ce qui est des films de la guerre de libération, le même interlocuteur qualifie ce volet de «sensible». Ce qui justifie les garde-fous fixés par les autorités publiques à cet effet. Les salles de cinéma fermées, quant à elles, doivent être remises en service, déclare M. Aboubekr Mohamed, convaincu que les PAPC seront sans nul doute, coopératifs avec la tutelle. Seulement, il faut tenir compte du manque de moyens dont souffrent les assemblées locales. En somme, le MSP considère que le cinéma algérien est très faible et est, en constante régression; et les raisons sont multiples. Difficile de retrouver le cinéma des années 70, se désole-t-il. DES LIGNES DIRECTRICES POUR LE SECTEUR Du côté des cinéastes, M. Salim Aggar, réalisateur et président de l'association «à nous l'écran, cette loi constitue une bonne chose à plus d'un titre, puisque son but principal serait de mettre fin à l'anarchie et laisser place à la régulation et aux règles devant fixer les lignes directrices du secteur. Le plus grand acquis, déclare-t-il, constitue l'augmentation du financement de cette production, qui devra se traduire par la réhabilitation du fonds d'aide à l'industrie cinématographique FDIC. Il faut également, selon lui, récupérer les salles de cinéma complètement délabrées. Celles-ci ont été attribuées par le ministère de l'Intérieur aux communes. Salim Aggar se dit favorable au contrôle des films et des scénarios, car «c'est l'image de l'histoire du pays» qui est en question.