Faut-il revoir le système de notation chiffrée et celui du passage des élèves en classe supérieure ? Force est de reconnaître que de nombreux élèves refont leur année scolaire parfois jusqu'à trois fois. Selon les statistiques du ministère de l'Education nationale, le taux de redoublement qui était de 17,49% pour les trois cycles confondus, en 2003-2004 - année du lancement de la réforme -, a baissé de 4 points pour passer à 13,57% en 2009-2010. Si pour la majorité des enseignants en charge d'élèves en difficulté, le redoublement est la méthode la plus appropriée, permettant à l'élève de mieux avancer, pour les pédagogues, cette approche est loin d'être une solution puisqu'elle n'améliore pas la performance des élèves. Elle est perçue comme une sanction suite à un échec. La ministre du secteur a reconnu lors de ses dernières sorties que le redoublement est loin d'être une solution pédagogique. Une déclaration qui traduit la volonté des responsables du secteur d'aller de l'avant et de remédier à une défaillance portant, chaque année, préjudice à des milliers d'élèves. De l'avis des experts, il serait judicieux d'accompagner l'élève jusqu'à la fin du cycle obligatoire pour pouvoir l'orienter selon son profil, soit pour poursuivre des études secondaires ou vers la formation professionnelle. Pour les syndicats du secteur, le redoublement est une problématique à laquelle il faudrait songer, à travers la prise en compte des propositions des pédagogues pour ne pas abandonner l'élève à mi-chemin. « L'élève en difficulté a certes le droit de refaire son année scolaire, comme le stipule la loi d'orientation, mais il ouvre également droit à un accompagnement par des encadreurs à l'exemple de ce qui se fait dans les écoles scandinaves et dans plusieurs autres pays européens », suggère le chargé de l'information et de la communication au Cnapest, Messaoud Boudiba. Selon des intervenants dans le secteur, le taux de redoublement dans le cycle primaire est moins inquiétant que celui enregistré au niveau du moyen. Rappelant que les élèves des première et deuxième années, étant automatiquement admis en troisième année, il précise que le taux le plus élevé de redoublement concerne généralement les élèves de la cinquième année primaire. Il touche entre 5 et 10% des effectifs, notamment les recalés à l'examen de fin du cycle primaire. Les chiffres sont plus alarmants dans le cycle moyen. Chaque année, des milliers de collégiens refont l'année scolaire. Il n'y a pas de statistiques fiables, mais de l'avis des experts, le taux le plus élevé concerne les élèves de quatrième année moyenne. Pour le représentant du Cnapest, le taux de redoublement des élèves et celui de la déperdition scolaire ne sont que la conséquence de la prise en charge défaillante de l'élève depuis sa première année primaire. « Pourtant, nous avons tous les moyens pour accompagner l'élève depuis le début de son cursus scolaire, et réduire le taux de redoublement et celui de la déperdition scolaire. Mais dans la pratique, aucun effort n'a été fait », déplore-t-il, jugeant qu'un tel suivi contribue à l'orientation de l'élève, chacun selon son profil. Il plaide pour le renforcement de l'enseignement technique et professionnel, et la réintroduction dans le système d'éducation et de formation du bac professionnel. « Nul ne peut résoudre cette équation en dehors du développement du secteur de la formation professionnelle », estime-t-il. D'ou la nécessité d'ouvrir un large débat sur la possibilité d'instituer une nouvelle fois l'enseignement et le bac professionnels pour éviter de pénaliser les élèves ayant des difficultés en matière d'enseignement académique. Pour le CLA, il y a urgence à réviser le système d'évaluation et d'orientation. Son secrétaire général, Idir Achour, espère voir les assises sur la réforme de l'enseignement secondaire prévues pour le 23 juillet prochain, soulever les réels problèmes auxquels est confrontée l'institution éducative. Il insiste sur la valorisation des trois types d'enseignement : académique, technique et professionnel. C'est également l'avis du président de l'Association nationale des parents d'élèves, Khaled Ahmed, qui estime qu'avant de pénaliser l'élève en lui infligeant une sanction suite à son échec, il faudrait d'abord tenir compte du niveau des enseignants. « 70% des enseignants ne sont pas formés et n'ont aucune expérience pour pouvoir être à la hauteur des missions qui leur sont assignées en matière d'éducation et d'enseignement ». Il reconnaît que le taux de redoublement le plus élevé concerne les élèves de la 4e année moyenne. Pas moins de 40% de collégiens refont l'année scolaire. C'est dire l'ampleur du problème et la nécessité d'ouvrir un large débat sur le système d'évaluation et celui du passage. Car de l'avis d'une intervenante dans le secteur, avant de sanctionner l'élève, il faut d'abord évaluer son enseignant.