Chaque année, des milliers d'adolescents quittent, pour une raison ou une autre, l'école et confortent les rangs des recalés du système éducatif. Un échec vécu comme une exclusion de la société, plongeant des milliers de jeunes et des familles entières dans un tunnel sans issue. Il n'y a pas de statistiques fiables, encore moins une étude scientifique, ou des rapports sur la base de concertation entre acteurs du système éducatif. Mais tout porte à croire que la déperdition scolaire et l'exclusion de l'élève de son école ne cessent de prendre des allures inquiétantes. Les estimations font état de 500.000 élèves exclus annuellement de l'école algérienne, sans diplôme et sans aucune qualification, alors que seulement 15% des élèves inscrits depuis la première année primaire atteignent le cycle universitaire. Selon certaines sources, 50% des effectifs abandonnent les études une fois arrivés au lycée. Cette année, le ministère a décidé la réintégration, après leur exclusion, des élèves nés en 1997. Une initiative salutaire certes. Mais l'idéal serait, de l'avis des experts, d'éviter les solutions conjoncturelles. « Le temps est à la prise au sérieux de ce problème. Il faut se pencher sérieusement sur le dossier de la déperdition et l'échec scolaire, en améliorant les conditions de la scolarité et le rendement pédagogique des élèves, surtout ceux en difficulté » soutiennent-ils. Pédagogues et syndicats du secteur sont conscients de la gravité de la situation. Ils confirment la persistance du problème, malgré tout ce qui été entrepris pour améliorer le rendement pédagogique des collégiens et lycéens. « C'est le point noir de toutes les politiques du secteur et la question épineuse dans le processus de la réforme éducative » attestent-ils. Le président de l'UNPEF, M. Dziri, impute l'ampleur du problème « à la défaillance dans la sensibilisation et l'orientation des élèves moyens sur l'importance de la formation et l'enseignement professionnels ». Pourtant les textes de loi sont clairs et précis. La loi d'orientation de l'éducation prévoit l'orientation et la prise en charge de 30% de l'ensemble des effectifs du système éducatif. Actuellement, ce ne sont que 5% des effectifs de l'institution éducative qui sont annuellement orientés vers les établissements et les centres de la formation professionnels. Un taux dérisoire par rapport aux perspectives affichées par le secteur de la formation et les grandes infrastructures conçues pour ce cursus. De l'avis des pédagogues, l'orientation des élèves vers les établissements de la formation professionnelle ne se fait pas au terme de la quatrième année moyenne. Les élèves ayant un profil pour la formation professionnelle devraient être pris en charge précocement. La démarche consiste à fournir aux élèves, lors des premières étapes de leurs cursus scolaire, toutes les informations sur les différents cycles scolaires et professionnels disponibles dans l'environnement socio-économique. C'est l'une des meilleures manières de les aider à préparer et réussir leur orientation selon les prédispositions de chacun d'eux et ses aptitudes par rapport aux besoins du monde du travail. Certains pédagogues sont pour le droit de chaque élève d'avoir une deuxième chance dans le cadre d'une école de la deuxième chance. Une structure récupérant les élèves qui abandonnent les études en les réintégrant dans le système scolaire ou en leur préparant le terrain afin de compléter leur formation.