Aucun édifice ou du moins une rue ou une artère du pays ne porte le nom de Mohamed Boudia. Cet enfant de La Casbah, où il est né le 24 février 1932, est devenu, par la force des choses, l'homme des grandes missions et des causes justes. Il a tout donné pour que vive l'Algérie libre et indépendante avant de s'imposer à l'échelle arabe et internationale comme un fervent défenseur et militant de la cause palestinienne. Aujourd'hui, hormis ses proches, ses compagnons de combat et les militants palestiniens, aucune manifestation ou une baptisation n'évoque le nom de cet homme. Les compagnons de Boudia, assassiné par le Mossad le 28 février 1973 à Paris, le confirment. Invité hier au forum d'El Moudjahid à l'occasion du 42e anniversaire de son assassinat, Hocine Zahouane président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) et ancien membre du bureau politique du FLN, et le colonel Senoussi reconnaissent que Mohamed Boudia demeure un grand inconnu de l'opinion publique et des jeunes générations en particulier. Pour Hocine Zahouane, il est malheureux de constater que le nom de celui qui a fait craindre le pire aux colonialistes français et fait trembler le chef du gouvernement israélien, Golda Meir, ne figure pas dans la mémoire collective des Algériens. Les funérailles, dans la discrétion absolue au cimetière d'El Kettar, de Mohamed Boudia, suscite selon les intervenants des interrogations. Hocine Zahouane rappelle qu'une demande a été faite aux autorités locales d'Alger-Centre pour baptiser le centre culturel de la rue Larbi Ben M'hidi du nom de Boudia. La réponse à été négative. Confirmant ces témoignages, le colonel Senoussi qualifie l'exclusion du nom de Mohamed Boudia, responsable de l'organisation de la résistance populaire au niveau de la région d'Alger, de crime contre la mémoire collective. Les deux intervenants estiment qu'il est du devoir de tous de donner à cet homme, qui a connu les grands révolutionnaires à l'échelle planétaire et mené des opérations de choc en Europe contre l'entité sioniste, la place qui lui revient parmi les martyrs. « Trouvez-vous logique qu'une école au Sud-Liban porte le nom de mon père, alors que les siens l'ignorent totalement », regrette le fils de Mohamed Boudia. Selon ses amis, il faudrait songer à faire du nom de Boudia le symbole du combat et du militantisme pour l'édification de l'unité arabe et la libération de la Palestine. Pour l'ambassadeur de Palestine à Alger, Louai Mahmoud Taha Aïssa, Boudia a su résoudre une équation qui consistait à donner à la cause palestinienne une dimension internationale à l'exemple de ce qui a été fait pour l'internationalisation de la révolution algérienne contre l'occupant français. L'ambassadeur a fait part des liens qu'avait Boudia avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Proche de Georges Habache, responsable du FPLP, il devint l'un des membres les plus actifs en France. Autant de missions qui font toujours de cet homme, le symbole de la résistance. Ce qui explique l'hommage que lui rend à chaque occasion le peuple palestinien.