L'échéance fixée par les « 5+1 » (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, France, Russie et Allemagne) pour un accord sur le nucléaire iranien prendra fin aujourd'hui. « Il est maintenant temps de voir si nous pouvons ou pas conclure nos interminables négociations, entamées il y a près de deux ans, par un accord », a estimé, hier, John Kerry. Selon le patron de la diplomatie américaine, ces négociations sont à la croisée des chemins et il appartient aux Iraniens de démontrer qu'un accord est possible. « Nous avons fait de véritables progrès mais (...) nous ne sommes pas encore arrivés là où il faudrait sur les questions les plus difficiles », dit-il après un entretien avec Mohammad Javad Zarif, son homologue iranien. « S'il n'y a pas d'accord et s'il y a (de la part de l'Iran) une intransigeance totale et une absence de volonté d'avancer sur les sujets qui comptent pour nous, le président Obama a toujours dit que nous sommes prêts à nous retirer des négociations », affirme Kerry. « Le moment est venu », renchérit Federica Mogherini, la chef de la diplomatie de l'Union européenne. « Toutes les cartes sont sur la table. La question principale est de savoir si les Iraniens vont accepter de prendre des engagements clairs », rappelle le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. « Nous avons une chance fabuleuse, après douze ans de discussions, de résoudre enfin ce conflit. Cela enverrait aussi un signal à toute la région », tempère le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier. « Rien n'est encore clair. Des divergences demeurent et nous essayons de travailler dur » sur « un texte de 20 pages avec cinq annexes », reconnaît Javad Zarif. « Il reste quatre ou cinq questions, dont celle qui vise à s'assurer qu'à chaque initiative d'un camp correspondra une initiative similaire de l'autre et que celle-ci aura lieu de manière simultanée », a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, cité par l'agence de presse iranienne Isna. Outre la question des sanctions et de son calendrier, les discussions achoppent sur les mécanismes de contrôle. Les Israéliens, qui « vivent » mal ces négociations, laissent entendre que même si les « 5+1 » signent un accord, celui-ci n'ira pas loin. « Le Congrès peut saper tout accord avec l'Iran en refusant de lever les sanctions », déclare Darrell West, chercheur à la Brookings Institution. Et « sans accord, l'Iran dira que les Etats-Unis n'ont pas respecté leur parole et n'ouvrira pas ses centres d'enrichissement d'uranium ». Certains experts iraniens n'excluent pas, eux aussi, que le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a toujours le dernier mot, rejette l'éventuel accord.