Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a remis, jeudi dernier, au Mécanisme européen de stabilité, un plan de 13 pages intitulé « Actions prioritaires et engagements » de « réformes » qui ressemble étrangement au projet présenté par les créanciers le 26 juin et refusé par son gouvernement. Ce plan, qualifié par le président français, François Hollande, de « sérieux » et « crédible », prévoit un excédent primaire (avant service de la dette) de 1% en 2015, 2% en 2016, 3 % en 2017 et 3,5 % en 2018. Pour y arriver, Athènes imposera un taux normal de TVA de 23 % sur les restaurants et un taux réduit de 13 % sur les hôtels, l'alimentation de base et l'énergie. Pour les retraites, ce plan prévoit une réduction des dépenses de 0,25 % à 0,5 % du PIB en 2015 et de 1 % du PIB en 2016. L'âge de départ à la retraite sera de 67 ans en 2022 et les cotisations santé des retraités seront portées de 4 à 6 %. Le programme prévoit, par ailleurs, des réformes de l'administration fiscale, du marché du travail, des hausses de taxes et d'impôts sur les sociétés (26 à 28%), des privatisations des télécommunications grecques, des ports de Pirée et de Thessalonique et moins de dépenses militaires. Autre sujet sensible : les avantages fiscaux sur les îles grecques. Le gouvernement propose la suppression progressive de ces avantages à partir d'octobre 2015. Soit un gain escompté de 13 milliards d'euros sur trois ans. Les Grecs vont-ils accepter ces « sacrifices » qu'ils ont rejetés le 5 juillet ? Le ministre de l'Energie, Panagiotis Lafanzanis, représentant de l'aile gauche de Syriza, et le chef des Grecs indépendants, Panos Kammenos, dénoncent ce plan. Pour contourner une éventuelle opposition du parlement à son plan, Tsipras pourrait demander deux choses. La première, que le « plan » de 35 milliards d'euros promis par Jean-Claude Juncker, qui n'est en réalité que le déblocage des fonds structurels et agricoles actuellement bloqués par la Commission européenne, soit rapidement mis à disposition du pays afin de créer un « choc positif ». La seconde, un geste des créanciers sur le dossier de la dette pour montrer qu'ils veulent éviter le Grexit. Les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ont commencé, hier, à étudier ce plan. Ils soumettront leurs avis aujourd'hui aux ministres des Finances de la zone euro avant le sommet extraordinaire des 28 pays de l'Union européenne convoqué demain à Bruxelles pour « estimer le montant du programme d'aide » pour la Grèce dont la dette publique a atteint 320 milliards d'euros, soit près de 180% du PIB, ou amorcer une sortie de cette dernière de la monnaie unique. « En cas de Grexit, les créanciers devraient renoncer à leurs remboursements » prévient l'ex-président de la BCE, Jean-Claude Trichet.