La Grèce et ses créanciers, après des négociations "sportives" sans résultat à Bruxelles, se préparent au prochain rendez-vous. Alors qu'Athènes devait verser ce jour la première de ses quatre échéances de prêts, elle a demandé au FMI de les regrouper fin juin. Le FMI a confirmé cette requête, précisant que l'ensemble des sommes, soit 1,6 milliard d'euros, est désormais dû le 30 juin. "Nous avons exploité une possibilité que nous donne le règlement du FMI et qui nous laissera plus de temps pour la négociation", a indiqué la source gouvernementale grecque. En difficulté financière, Athènes est en pleine tractation avec les créanciers, UE et FMI, sur un accord qui permettrait de débloquer la dernière tranche des prêts internationaux au pays, soit 7,2 milliards d'euros, qui lui permettraient d'honorer ses dettes. Avec l'acceptation par le FMI de regrouper toutes les échéances de remboursement fin juin, Alexis Tsipras a évité la première prévue vendredi. Quelque 300 milliards d'euros auraient dû être versés au FMI ce jour. M. Tsipras avait auparavant laissé entendre à Bruxelles que le remboursement serait fait. Sur le strict plan financier, le versement suivant au FMI, le 12 juin (340 millions d'euros), aurait été en revanche très difficile et les deux derniers, initialement prévus du 16 et du 19 juin (567 et 340 millions) impossibles à prévoir.
Les négociations continuent Le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est entretenu mercredi à Bruxelles avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sur le plan d'un accord, sans résultat. Alexis Tsipras a assuré que les négociations continueraient les prochains jours pour tenter de résoudre les divergences. Jean-Claude Juncker, Alexis Tsipras et le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem ont discuté jusque tard dans la nuit de mercredi à jeudi lors d'une réunion décrite comme "longue et sportive" par M. Juncker et jugée "très bonne" par le chef de l'Eurogroupe M. Dijsselbloem. Aucun accord n'a été trouvé, mais la rencontre a permis de "mieux comprendre les positions des uns et des autres", a résumé le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas.
Points inacceptables pour Athènes Les divergences ont été largement soulignées par le Premier ministre grec mercredi soir à la sortie de la réunion. Dans le plan des créanciers, "il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussion", a jugé M. Tsipras, pour un pays qui "a subi ces cinq dernières années un grand désastre économique". M. Tsipras a cité comme point positif "la proposition d'un excédent (primaire) plus faible" que l'objectif prévu. Mais des demandes "comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l'électricité ne peuvent être des bases de discussions", a-t-il ajouté, estimant que l'offre grecque, un plan de réformes de 46 pages, "reste la seule proposition réaliste sur la table".
Syriza divisée Les propositions des créanciers "ne peuvent constituer la base d'un accord", a renchéri sur la chaîne TV Skaï le secrétaire général du Syriza, parti de la gauche radicale au pouvoir. Tassos Koronakis reflétait l'opinion d'une partie des députés du mouvement. Cette réaction fait craindre à certains une révolte au sein du parti, qui pourrait conduire Alexis Tsipras à convoquer des élections anticipées pour tenter de surmonter les divisions et faire accepter un compromis avec Bruxelles et le FMI. La volonté politique d'aboutir à un compromis, déjà manifeste dans l'impulsion donnée ces derniers jours par la France et l'Allemagne, pourrait être la clef d'un dénouement. Le président de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker est en "contact permanent avec tous les acteurs du dossier au plus haut niveau politique", a assuré la Commission.
Echec à aplanir les divergences La Grèce et ses créanciers ne sont pas parvenus dans la nuit de mercredi à jeudi à se mettre d'accord sur les réformes à mettre en place pour débloquer rapidement une tranche d'aide financière, vitale pour la survie financière du pays, à court d'argent. Aucun accord n'a été trouvé à l'issue du dîner de travail qui a réuni à Bruxelles le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le patron de la Commission Jean-Claude Juncker et le chef de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. Même si la Commission européenne avait prévenu qu'il ne fallait pas trop en attendre, ce rendez-vous était porteur d'espoirs pour nombre d'observateurs. Le climat a été jugé globalement "constructif" et "positif", mais des divergences demeurent entre Athènes d'un côté et ses créanciers, UE et FMI, de l'autre. Chaque partie est en effet arrivée à la table des négociations avec son propre plan de réformes et l'ambition d'en faire la base des négociations. Le plan d'Athènes, de 46 pages, inclut, selon la presse grecque, une réforme de la TVA, l'unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations. Le programme des créanciers a de son côté été élaboré après la réunion lundi au pied levé entre les dirigeants français et allemand, le président de la BCE, Mario Draghi, et la patronne du FMI, Christine Lagarde. Ce texte, "n'est pas un +take it or leave it+, +tu prends ou tu laisses+, on n'en est pas là, il faut un vrai dialogue", avait souligné Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, avant la réunion. "L'idée, c'est d'aboutir à un accord rapidement." Dans le plan des créanciers, "il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussion", a jugé in fine M. Tsipras. La Grèce "a subi ces cinq dernières années une grande catastrophe économique (...). Des propositions comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l'électricité ne peuvent être des bases de discussions". "Le résultat est que la proposition grecque reste la seule proposition réaliste sur la table", a-t-il ajouté, tout en saluant des points positifs dans le plan des créanciers, comme "la proposition d'un excédent (primaire) plus faible" que celui de 3,5% du PIB réclamé au départ.
Tsipras sous forte pression "On savait que Tsipras ne pouvait pas dire oui au paquet tel quel", a tenté de relativiser une source proche des négociations. Les coupes dans les retraites et la TVA "sont les deux points les plus difficiles", a-t-elle reconnu, alors que dirigeant grec de gauche radicale s'était engagé à adoucir l'austérité et aura besoin d'une majorité parlementaire pour faire passer les réformes conditionnant le versement de l'aide. La partie grecque est soumise à une forte pression. La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande se sont entretenus dans l'après-midi avec M. Tsipras. Tous trois "se sont mis d'accord sur la nécessité d'une solution immédiate", selon une source grecque. "Les jours qui viennent sont décisifs", a insisté le président français. De Francfort, le président de la BCE, Mario Draghi, a exigé un "accord solide" qui "produit de la croissance, inclut de la justice sociale, est pérenne du point de vue budgétaire et assure la stabilité financière" de la Grèce. Le temps presse pour trouver un accord, alors que la Grèce, privée de versement de ses bailleurs de fonds depuis août, risque à tout moment la faillite. Pour qu'un accord soit sur pied avant l'expiration du deuxième plan d'aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers et des 19 pays de la zone euro doit intervenir au plus tard lors de l'Eurogroupe du 18 juin. Dans ce contexte, les discussions vont reprendre dans les jours qui viennent, probablement avant le week-end, selon plusieurs sources européennes. Une réunion de l'Euro Working Group, l'instance qui prépare les Eurogroupe, aura lieu jeudi pour faire le point.
Négociations sportives La discussion mercredi soir avec le Premier ministre Alexis Tsipras sur le versement d'une nouvelle tranche d'aide vitale à la Grèce a été longue et sportive, a commenté jeudi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, alors que cette rencontre à Bruxelles n'a pas permis de déboucher sur un accord. J'ai dormi seulement trois heures après avoir eu une discussion, une négociation longue et sportive avec le Premier ministre grec, a indiqué M. Juncker devant l'assemblée générale du Comité des régions de l'UE à Bruxelles. S'excusant de devoir partir rapidement, il a ajouté: Nous devons préparer le prochain round de négocations. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, avait décrit mercredi soir une très bonne réunion. Les discussions vont reprendre dans quelques jours, a assuré M. Dijsselbloem. A Bruxelles, on s'attend à une nouvelle réunion au sommet prochainement avec pour objectif de trouver un accord vendredi ou lundi.
Nouvelle réunion au sommet Une nouvelle réunion de haut niveau devait avoir lieu hier soir à Bruxelles pour trouver un accord permettant le déblocage d'une aide financière vitale pour Athènes, alors que les contacts se multiplient entre capitales européennes. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est entretenu jeudi en début d'après-midi avec la chancelière allemande, Angela Merkel. Je viens de l'avoir au téléphone, a lancé le chef de l'exécutif européen, lors d'une conférence à Bruxelles. Et je vais avoir le président français au téléphone plus tard dans la journée, a-t-il ajouté. Une nouvelle réunion entre les trois dirigeants devait avoir lieu vendredi soir à Bruxelles, selon plusieurs sources européennes. Il y aura probablement une nouvelle réunion, mais cela reste à confirmer, a tempéré une autre source européenne proche des discussions. C'est possible, a renchéri une autre source.
Tsipras devant le parlement Le Premier ministre grec Alexis Tsipras devait informer hier le Parlement sur le cours des négociations entre Athènes et ses créanciers, UE et FMI, a indiqué jeudi une source gouvernementale. Sur initiative du Premier ministre, une discussion extraordinaire aura lieu vendredi à 18 heures locales (15H00 GMT) sur les négociations, a indiqué une source gouvernementale. Aucun vote n'est attendu à la suite du débat, a précisé cette source. Cette annonce intervient moins de 24 heures après une rencontre importante à Bruxelles entre Alexis Tsipras et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker mercredi soir au cours de laquelle les deux parties se sont félicité du climat constructif des discussions tout en évoquant des divergences de vues sur certaines mesures que la Grèce doit adopter pour assainir ses finances publiques. Le plan d'Athènes, de 46 pages, inclut, selon la presse grecque, une réforme de la TVA, l'unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations. Alexis Tsipras a indiqué à l'issue de la réunion mercredi à Bruxelles que dans le plan des créanciers, il y a des points que personne ne peut considérer comme une base de discussion. La Grèce a subi ces cinq dernières années une grande catastrophe économique (...). Des propositions comme couper dans les retraites les plus basses ou augmenter la TVA sur l'électricité ne peuvent être des bases de discussions, a-t-il rappelé. En difficulté financière, Athènes doit s'engager à réaliser des réformes, selon ses créanciers, afin de pouvoir bénéficier de la dernière tranche des prêts de 7,2 milliards d'euros. Toutefois, ces mesures éventuelles provoquent des réactions de certains députés au sein du parti de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras, au pouvoir depuis fin janvier, qui refusent la poursuite de la politique d'austérité.