Le nouveau Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a annoncé hier la composition de son gouvernement. Efficace, il a pu former son équipe 24 heures seulement après son installation à la villa Maximos. La liste comporte une quinzaine de ministres, dont les portefeuilles sont concentrés sur l'économie et le social. Les personnalités désignées aux postes-clés confirment les ambitions anti-austérité de Syriza et son défi à l'UE. D'abord Panos Kammenos, président des Grecs indépendants, allié atypique de Syriza – qui lui permet de gouverner avec 162 sièges au nouveau Parlement (149+13) – a été nommé ministre de la Défense ; il sera assisté d'un cadre de la gauche radicale, selon un responsable de Syriza. Le leader de la droite eurosceptique, dissident du parti conservateur Nouvelle démocratie depuis 2012, a ainsi tenu sa promesse de ne pas trop encombrer Syriza dans sa gestion du pays.Même s'il est à son opposé sur le plan sociétal, il se trouve que Kammenos est un admirateur du projet économique de la gauche radicale. Hier en début d'après-midi, les journalistes européens présents à Athènes guettaient impatiemment le nom d'un autre ministre : celui des Finances. C'est le poste-clé du programme économique anti-austérité de Syriza. C'était l'occasion pour Alexis Tsipras de confirmer la priorité de son programme : renégocier la dette publique grecque avec les créanciers européens et le FMI. Et pour cause, c'est l'économiste Yanis Varoufakis qui hérite de ce lourd portefeuille ministériel. Cet universitaire, réputé en Grèce, est connu pour ses positions profondément anti-austérité. C'est l'une des têtes pensantes du programme économique de Syriza, qui porte notamment sur la renégociation du remboursement de la dette et la suppression d'une partie.Aussitôt nommé, Varoufakis a été appelé par Jeroen Dijsselbloem, le chef de l'Eurogroupe, qui sera à Athènes vendredi pour entamer les discussions. Le deuxième homme du gouvernement Tsipras est aussi un fervent défenseur d'une nouvelle politique sociale et antilibérale en Grèce : il s'agit de Yannis Dragassakis, nommé vice-Premier ministre. Varoufakis et Dragassakis, qui ont travaillé ensemble pendant longtemps sur ces questions au sein de Syriza, veulent s'attaquer également au dossier de la corruption qui mine l'économie grecque.