Le calme semble revenir progressivement dans la vallée du M'zab. Il convient à présent de faire en sorte qu'il s'installe dans la durée et que le cours normal de la vie reprenne ses droits. Pendant que l'Etat met les bouchées doubles pour rétablir le calme, une désapprobation unanime de la société, personnalités et acteurs politiques, a mis au banc des accusés les instigateurs des affrontements violents qui ont coûté la vie à une vingtaine de personnes. Les appels à la raison se sont multipliés tandis que sur le terrain, des actions concrètes de médiation ont été entreprises. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, accompagné d'une importante délégation composée des responsables des différents corps de sécurité et du ministre de la Justice, s'est déplacé, jeudi dernier, sur place pour y rencontrer les représentants de la société civile, les notables et les sages de la région. Objectif : rétablir les passerelles du dialogue. Atténuer les malentendus qui semblent avoir servi de détonateur. Il était important de rappeler aussi les décisions prises la veille lors de la réunion d'urgence autour du président Bouteflika. Notamment dans les aspects se rapportant aux missions régaliennes de l'Etat dans la protection des biens et des personnes. Cela suppose une fermeté énergique contre les auteurs d'actes de violence. Sellal est instruit par Bouteflika de veiller avec le ministre de la Justice afin que le parquet traite « avec diligence et sévérité toutes les violations de la loi notamment en matière d'atteinte à la sécurité des biens et des personnes ». C'est que le sentiment d'impunité alimente les ressentiments. L'implication du ministre de la Justice dans le processus d'indentification des responsabilités pénales traduit le souci de l'équité et de l'impartialité. Le fait d'avoir confié au commandant de la 4e Région militaire le soin de superviser l'action des services du maintien de l'ordre et des autorités locales concernées pour rétablir et préserver la tranquillité publique rehausse d'un cran le dispositif de sécurité déployé. Il est vrai que le sinistre bilan de mercredi dernier en dit long sur l'ampleur de la violence des affrontements. Le chef de l'Exécutif a expliqué que le commandant a toutes les prérogatives, y compris instaurer un couvre-feu et interdire les manifestations et les attroupements pour restaurer l'ordre. Ceci, l'analyse de la situation après coup dans le sillage des arrestations opérées ne révèle pas, d'autre part, le degré de gravité que supposerait l'usage des armes à feu. Contrairement aux spéculations alarmistes, ce n'est pas un arsenal de guerre qui a été découvert chez les « fauteurs de troubles ». Mais les armes blanches, les objets contendants, les cocktails Molotov ou encore les fusils de chasse qu'auraient utilisés les bandes rivales sont toutes aussi interdites. Et n'excusent pas les faits reprochés aux auteurs des incidents sanglants. Il y a eu mort d'homme. Des victimes expiatoires parmi des adolescents. Cela suffit à mesurer la gravité de la situation. Au demeurant, le traitement de la crise n'est pas confiné à l'approche sécuritaire. Le gouvernement est chargé de veiller à diligenter sous l'autorité du Premier ministre, la mise en œuvre des programmes déjà arrêtés en vue de la relance du développement économique et social et du retour à une vie normale à travers le territoire de la wilaya de Ghardaïa, lit-on dans le communiqué de la présidence de la République ayant sanctionné la réunion d'urgence. Une batterie de mesures à caractère socioéconomique a été, en effet, arrêtée en 2014 en faveur de cette wilaya. Il n'y a d'autre alternative pour les habitants de la vallée que d'enterrer la hache de guerre. Toute l'Algérie les y pousse.