La Grèce risque à tout moment une sortie de l'Euro. Les signes avant-coureurs d'un Grexit, « terrible » aux yeux du Commissaire européen chargé des Affaires économiques, Pierre Moscovici, sont perceptibles dans l'annulation musclée du sommet des 28 de l'Union européenne (UE), prévu dans la soirée du dimanche, et les chances minimales d'un 3e plan d'aide permettant à la Grèce de recevoir entre 74 et 82 milliards d'euros sur trois ans, dont 16 milliards déjà prévus dans un programme du FMI devant expirer en mars 2016. Il faudra donc attendre le sommet des 19 de l'Eurogroupe, qui a repris hier les discussions, interrompues la veille, pour connaître le verdict final. La rencontre de la dernière chance des ministres des Finances de la zone euro est la seule planche de salut pour tenter de trouver une base de travail et valider un accord voulu politique par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. L'intransigeance du ministre allemand, Wolfgang Schauble, déterminé à éjecter la Grèce de la zone euro, paiera-t-elle en définitive ? Le climat de défiance exacerbé a traduit les incertitudes d'un round décisif pour l'avenir de l'Europe. Le scénario du « Grexit temporaire », principalement défendu par l'Allemagne, et la Finlande sommée par le Parlement de négocier la sortie de la Grèce de la zone euro, est sur la table du dialogue sous haute tension. Dans un document allemand, il est clairement explique que « si la Grèce ne peut garantir la mise en œuvre crédible de mesures et une dette soutenable, il faudrait lui offrir de rapides négociations pour une période hors de la zone euro, avec une possible restructuration de sa dette, si nécessaire (...) pendant cinq ans ». Cette défiance est aussi exprimée par « certains pays », notamment la Slovaquie, l'Autriche et Chypre, qui travaillent à torpiller un accord final. « Il est évident que certains pays, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les réformes et le programme, ne veulent pas d'un accord », déclarent des sources citées par l'agence grecque AN. De ce fait, l'Eurogroupe se prépare à une solution transitoire. Dans le cas d'un accord avec les créanciers, un « pont », mobilisant quelque 3,3 milliards d'euros promis à la Grèce et détenus par les banques centrales de la zone euro, est envisagé pour lui permettre de rembourser, le 20 juillet, la BCE. Un écueil de taille : les réformes impopulaires (retraite, hausse de la TVA et privatisations) exigées par Bruxelles et rejetées massivement par les électeurs lors du référendum du 5 juillet. Que fera Tsipras, acculé malgré le verdict sans appel de l'Oxi à consentir de lourdes concessions ? Le mandat de confiance des négociateurs, entériné dans la nuit du 10 au 11 juillet par le Vouli (250 voix pour, 32 contre et 8 abstentions), conforte davantage la nouvelle « feuille de route » jugée proche des exigences de l'Eurogroupe.