L'assainissement du secteur de l'importation fait partie des leviers sur lesquels l'Etat compte agir pour réduire les dépenses. Le rétablissement de la licence d'importation fait partie des moyens d'action envisagés par le gouvernement. Dans un entretien accordé hier à l'APS, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a précisé sa pensée sur les projets qui attendent le secteur après avoir répété le constat relatif aux dysfonctionnements qui parasitent l'activité. Il y a, d'abord, ce besoin d'assainissement de l'activité qui sera opéré via un fichier national des importateurs. Qui est qui et qui fait quoi ? La mise au net ne s'est jamais aussi imposée qu'en ces temps de rationalisation des dépenses publiques pour compenser le rétrécissement des revenus pétroliers et gaziers. L'enquête devra les identifier et préciser la nature de leurs activités, le type de produits importés et leur nationalité. Ce travail d'identification facilitera, par ricochet, la mission de contrôle aux autres institutions telles que la douane et les impôts. Il est vrai que le principal grief dirigé contre cette catégorie de commerçants est de soustraire une grande proportion de leurs revenus à l'administration fiscale. Et d'importer des produits inutiles ou que l'économie locale peut prendre en charge. La problématique de la licence d'importation est, ensuite, le levier par lequel la professionnalisation de l'activité gagnera en galons. Le ministre du Commerce a révélé que le Premier ministre a insisté sur la transparence qui doit présider à la délivrance de ce document. Tandis que la liste des produits concernés par l'importation dans le cadre de cette licence sera élaborée par un comité interministériel qui comprendra des représentants des Finances, de l'Industrie et des Mines, de l'Agriculture et du Développement rural. Dans l'ordre des priorités, les opérateurs qui produisent localement seront privilégiés, façon d'encourager les entreprises naissantes. Sinon inciter les importateurs à le faire. D'une durée de validité de 3 à 8 ans, la licence est conçue comme un instrument juridique aux mains du gouvernement pour le contrôle de l'activité du secteur en proie à une espèce d'anarchie qui alourdit la facture des dépenses de l'Etat. Il semble que les premières dispositions prises en matière de contrôle ont déjà produit leurs effets à travers la baisse constatée des importations depuis le début de l'année. C'est aussi le résultat d'une meilleure collaboration entre le ministère du Commerce et les services des douanes et des impôts. Mais le dispositif serait incomplet si la vision ne s'attaquait pas de front au problème qui gangrène l'économie nationale, que les chefs d'entreprise n'ont de cesse de dénoncer : l'économie informelle. Celle-ci est doublement pénalisante : elle introduit une marchandise contrefaite, dissimule une pratique répandue de la surfacturation et menace les entreprises de concurrence déloyale. Benyounès promet que des mesures, actuellement à l'étude, seront prises avant la fin de l'année. La primeur de leur annonce est laissée au président de la République. Un coup de pied dans la fourmilière, en perspective, qui bousculera bien des positions.