Trois jours après la « libération » d'Aden, la grande ville du Sud et la cité portuaire du Yémen, les forces du gouvernement en exil en Arabie saoudite annoncent qu'elles progressent avec le soutien des frappes de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite et des combattants entraînés et équipés par le royaume wahhabite vers le siège de la présidence, en grande partie contrôlée par les rebelles chiites houthis. Selon une source militaire citée par les médias, la progression de « la Résistance populaire », qui a commencé samedi soir dans le quartier Tawahi, a réussi à pénétrer dans le palais de la République et le QG de la 4e division militaire. Des membres du gouvernement en exil, dépêchés samedi dernier à Aden par le président Hadi, ont tenu dans la même journée une première réunion avec les autorités locales pour examiner « les moyens de sécuriser » la ville, selon l'agence gouvernementale Saba. Au menu de cette réunion à laquelle ont assisté les ministres de l'Intérieur et des Transports : la remise en état de l'aéroport et du port d'Aden pour y acheminer l'aide alimentaire, le rétablissement du courant électrique et des réseaux de distribution d'eau potable, « victimes » de quatre mois de combats acharnés, et la sécurisation de la ville. Vendredi dernier, le gouvernement yéménite a annoncé depuis Riyad que les forces loyalistes ont réussi à chasser les Houthis et leurs alliés de cette ville. Les forces loyalistes auraient lancé une attaque contre la base aérienne d'Al-Anad située dans la province de Lahj et tenue par les Houthis et leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh. « Lors de cette opération, 47 rebelles, dont des officiers de la garde républicaine pro-Saleh, ont été capturés », a affirmé Qaed Nasser, porte-parole de la Résistance populaire. Cette milice, opposée aux Houthis, rassemble des combattants pro-gouvernementaux, des tribus sunnites et des sécessionnistes sudistes. Plus à l'est, les forces pro-régime auraient également repris pied à Bayhan, une ville située dans la province méridionale de Chabwa. « Que signifie la libération d'Aden ? », s'interroge le journal saoudien Al-Riyadh. « Cette avancée stratégique s'étendra progressivement aux autres provinces actuellement contrôlées par les houthistes, poursuit le journal. Dans quelques jours, le gouvernement légitime pourra tenir son premier Conseil des ministres à Aden en attendant la reconquête de Sanaâ. » La presse d'Aden tient un autre son de cloche. Elle y voit une « victoire des forces sudistes ». A la suivre, les événements qui se déroulent actuellement à Aden ouvrent la voie à sécession du Yémen du Sud. « Brandissant le drapeau du Sud, les héros de la résistance sudiste affirment qu'ils ne se battent pas pour le rétablissement de la légitimité et le retour du président Hadi, mais pour libérer le Sud et rétablir un Etat indépendant », rapporte Aden Al-Ghad. Certains « commentaires » yéménites y voient déjà des forces sudistes divisées se faire la guerre pour le plus grand bonheur des autres organisations terroristes, dont Daech. Refusant de s'avouer vaincus, les Houthis, qui qualifient l'ONU d'« irresponsable » depuis qu'elle a échoué à imposer une trêve, font de la résistance. Ils ont tué hier 43 civils dans des bombardements aux roquettes de type Katioucha et aux obus de mortier à Aden.