Un nombre limité de soldats de la coalition conduite par l'Arabie saoudite a été déployé hier sur le terrain à Aden, dans le sud du Yémen, pour appuyer les forces qui affrontent les rebelles chiites Houthis, a indiqué un responsable local. Une force limitée de la coalition est arrivée à Aden et d'autres soldats sont attendus dans la grande ville portuaire, a indiqué ce responsable qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat. Jusqu'ici, l'intervention de la coalition arabe au Yémen, déclenchée le 26 mars, se limitait à des bombardements aériens. L'un des chefs de la résistance populaire, un collectif de forces combattant les Houthis, a confirmé la présence d'éléments militaires de la coalition au sol à Aden. Une force limitée de la coalition est arrivée à Aden pour nous aider à faire face aux Houthis et aux soldats fidèles à (l'ancien président Ali Abdallah) Saleh, a-t-il indiqué. Selon lui, les soldats fraîchement arrivés vont soutenir les combattants locaux de la résistance populaire, qui encerclent les Houthis retranchés à l'aéroport international d'Aden. Cette installation stratégique située dans la ville a changé plusieurs fois de mains depuis l'arrivée des rebelles dans Aden le 26 mars, le jour même du début des raids aériens de la coalition arabe au Yémen en soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Selon d'autres sources de la résistance populaire, les soldats de la coalition déployés à Aden n'excèdent pas quelques dizaines d'hommes. Ce sont des soldats d'origine yéménite appartenant aux forces armées de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, autre membre de la coalition. De violents combats se sont produits dans la nuit et dimanche matin dans le périmètre de l'aéroport d'Aden, selon des habitants.
L'Arabie a utilisé des munitions à fragmentation américaines La coalition menée par l'Arabie saoudite a utilisé des munitions à fragmentation fournies par les Etats-Unis lors de raids aériens contre des rebelles chiites au Yémen, ce qui est interdit par un traité international, a dénoncé dimanche Human Rights Watch (HRW). Des photos, une vidéo et d'autres éléments crédibles depuis la mi-avril tendent à indiquer que des munitions en grappe ont été utilisées ces dernières semaines dans des frappes de la coalition sur le gouvernorat de Saada, bastion des rebelles Houthis dans le nord du Yémen, écrit HRW dans un communiqué. L'organisation de défense des droits de l'Homme, basée à New York, assure avoir établi, à travers une analyse d'images satellitaires, que ces sous-munitions semblent avoir atterri sur un plateau cultivé, à 600 mètres de zones habitées. Les sous-munitions, qui explosent après coup, posent des dangers à long terme pour les civils et sont interdites par un traité adopté en 2008 par 116 pays, mais pas par l'Arabie saoudite, les Etats-Unis et le Yémen, rappelle HRW. Ces armes ne devraient jamais être utilisées, en aucune circonstance, a affirmé Steve Goose, directeur à HRW qui suit les questions d'armements. L'Arabie saoudite fait l'objet de critiques croissantes pour la campagne aérienne qu'elle mène depuis le 26 mars au Yémen avec huit autres pays arabes, majoritairement sunnites. L'objectif de l'opération est d'y rétablir le gouvernement légitime et de faire reculer les Houthis, soutenus par l'Iran chiite, qui ont conquis de vastes territoires, dont la capitale Sanaa, depuis septembre 2014. Mais le nombre de victimes civiles ne cesse d'augmenter ces dernières semaines et la situation humanitaire est qualifiée de catastrophique par l'ONU. Dès le début de la campagne aérienne, l'Arabie saoudite avait démenti toute utilisation d'armes à sous-munitions. Sur le terrain, les combats se sont poursuivis dimanche à Aden, la grande ville du sud du Yémen. Les Houthis, qui tentent de prendre le contrôle total de la cité portuaire, ont perdu sept hommes, selon des sources militaires, alors que leurs adversaires, des partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi en exil, ont fait état de cinq morts dans leurs rangs. Les affrontements les plus violents se sont déroulés autour de l'aéroport international d'Aden, contrôlé par les rebelles. L'aviation de la coalition a prêté main forte aux combattants pro-Hadi en y bombardant des positions des Houthis, selon des habitants. A Taëz, dans le sud-ouest du Yémen, deux civils, dont un enfant, ont été tués dans la nuit par des tirs de mortier des Houthis, selon des sources médicales, alors que des combats de rue opposaient dans plusieurs quartiers de la ville les rebelles à leurs adversaires. Dans la nuit également, l'aviation de la coalition a pris pour cible des positions des Houthis dans la province de Mareb, à l'est de Sanaa, tuant 12 insurgés, selon des sources médicales. D'autres raids ont été signalés à Sanaa dans la nuit, notamment dans le secteur de l'aéroport, et dans d'autres régions du pays, dont Saada, fief des Houthis dans le nord.
L'Iran dénonce les actions aventuristes de Ryad L'Iran considère la sécurité du Yémen comme la sienne, a déclaré samedi le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, en dénonçant les actions aventuristes de l'Arabie saoudite, selon le site de la télévision d'Etat. Nous considérons la sécurité du Yémen comme la sécurité de la région et de l'Iran. Il ne sera pas permis que d'autres jouent avec notre sécurité commune par des actions aventuristes, a déclaré M. Amir-Abdollahian. Il est temps que ces actions aventuristes cessent et que tout le monde pense à la sécurité régionale et joue un rôle constructif, a-t-il ajouté. Le fait que l'Arabie saoudite se focalise sur la guerre contre le Yémen bénéficie seulement au régime sioniste et aux groupes terroristes, a-t-il encore dit, en précisant que l'Iran soutenait un dialogue inter-yéménite dans un lieu accepté par toutes les parties (yéménites, ndlr) sans ingérence étrangère. L'Arabie saoudite et ses alliés mènent depuis plus d'un mois des frappes au Yémen contre les rebelles chiites et leurs alliés qui menacent de prendre le contrôle du pays. Ils exigent que toute négociation pour un règlement se tienne à Ryad, rejetant les appels de Téhéran à des pourparlers internationaux hors de l'orbite saoudienne. Puissance chiite, l'Iran soutient les rebelles Houthis au Yémen et a vivement dénoncé les bombardements menés par la coalition composée de neuf pays arabes sunnites. La tension n'a cessé récemment de croître entre Téhéran et Ryad, qui s'opposent sur la crise au Yémen mais aussi sur la situation en Syrie, en Irak, au Liban et à Bahreïn. L'Iran a toujours nié offrir un soutien logistique aux Houthis mais, selon un rapport confidentiel de l'ONU, ce pays a commencé à les armer dès 2009 aux toutes premières heures de l'insurrection chiite.