Quatre jours après l'attentat de Suruç (32 morts, 100 blessés) et au lendemain d'une attaque menée par des combattants de Daech contre un poste frontalier de l'armée turque (un militaire tué et deux blessés), la Turquie a mené tôt hier un raid aérien contre des positions terroristes en Syrie.Le raid de l'armée turque a également visé des cibles des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui ont revendiqué l'assassinat de deux policiers mercredi à Ceylanpinar, à la frontière syrienne, en riposte à l'attentat de Suruç, les Kurdes accusant Ankara de complaisance avec les terroristes. De leur côté, les dirigeants turcs, redoutant la constitution d'une région kurde autonome, ont jusque-là exclu une intervention militaire jugée profitable pour les milices kurdes de Syrie. Le virage d'Ankara est cependant dicté par la nouvelle donne sécuritaire qui impose à la fois le défi kurde et a menace de Daech. « La République de Turquie est déterminée à prendre toutes les précautions pour défendre la sécurité nationale », a souligné hier le bureau du Premier ministre Ahmet Davutoglu pointant du doigt Daech dans la tragédie de Suruç et édictant de nouvelles mesures draconiennes. Selon le quotidien Hürriyet citant des responsables turcs, le gouvernement envisage de déployer des dirigeables au-dessus des 900 km de sa frontière syrienne et de doubler celle-ci par un mur afin d'empêcher le mouvement des terroristes. La Turquie a aussi autorisé jeudi les Etats-Unis à utiliser ses bases aériennes, dont celle d'Incirlik pour mener des raids aériens contre des cibles du groupe en Syrie ou en Irak. Ce feu vert, sollicité de longue date par Washington, a été officialisé au lendemain d'un long entretien téléphonique des présidents Recep Tayyip Erdogan et Barack Obama. Sur le plan interne, la police turque a réalisé, hier matin, un coup de filet dans 13 provinces. Un total de 251 personnes, soupçonnées d'être « membres d'un groupe terroriste », ont été interpellées et placées en garde, ont indiqué les services du Premier ministre. L'engagement résolu d'Ankara a été réaffirmé par le Premier ministre Ahmet Davutoglu affirmant devant la presse que « l'opération menée contre l'EI a rempli son objectif et ne s'arrêtera pas ». Il se déclare déterminé à sévir contre « le moindre mouvement menaçant la Turquie ».