La conférence internationale d'Alger sur la lutte contre l'extrémisme violent et sur la déradicalisation, dont les travaux à huis clos ont pris fin jeudi dernier au Palais des nations, à Alger, a débouché sur l'adoption à l'unanimité de 26 recommandations pertinentes qui seront présentées en septembre prochain aux Nations unies, à New York. Ces « relevés de conclusion » ainsi que ceux d'autres conférences similaires à celle d'Alger, donneraient, in fine, nous explique Kamel Rezzag Bara, conseiller à la présidence de la République, « une vision commune dans la lutte antiterroriste et les extrémismes violents » au prochain sommet sur la lutte contre le terrorisme et de la matière au Conseil de sécurité pour en faire une « résolution contraignante » avec définition des mécanismes et des moyens pour la communauté internationale qui lutte contre la bête immonde. En clôturant les travaux, Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, est revenu longuement sur une « urgence » : la révision des législations nationales pour les adapter aux nouvelles exigences de la lutte antiterroriste et la nécessité de « privilégier » les « approches anticipatives intégrées ». « Surtout quand on veut, dit-il, éloigner les franges vulnérables de la tentation de la radicalisation » et contrer « la volonté affirmée des idéologies terroristes à banaliser la transgression de toutes les valeurs qui unissent les pays et les peuples » et la « normalisation de la pensée extrémiste ». Autres moyens de lutte : Messahel cite l'organisation de la fetwa, la gestion des mosquées et de la zakat, ainsi que l'amélioration de la formation des imams et morchidates. Il y voit aussi comme moyens, la mobilisation des « organisations citoyennes », « l'assèchement effectif des sources de financement du terrorisme », « la criminalisation du soutien multiforme aux activités terroristes ». Le ministre, qui a mis en exergue le « rôle déterminant » de la justice dans la déradicalisation par le « renforcement et la consolidation de la relation de confiance entre le citoyen et son Etat et la recherche de régimes pénitentiaires efficients pour une gestion efficace des différentes catégories de terroristes », a mis en garde les conférenciers contre la gravité du problème des combattants terroristes étrangers et l'usage d'Internet. Il urge, dit-il, de « développer un contre-discours » pour arrêter la propagande terroriste, mettre fin à « la mauvaise gouvernance » qui sert l'extrémisme violent et le terrorisme » et de « prendre des mesures économiques et sociales en faveur des couches défavorisées, même si la pauvreté n'a jamais justifié ou expliqué le terrorisme ». Les pays occidentaux ont été priés de faire un effort dans la lutte contre l'islamophobie et la xénophobie. « Ces 26 réponses aux questions que nous nous posions », dixit El Haouès Riache, ambassadeur conseiller en charge du dossier de l'antiterrorisme au ministère des Affaires étrangères, pourraient-elles apporter une lueur d'espoir aux pays dont l'Algérie qui ne cesse d'alerter depuis les années 90 sur la nécessité d'adopter une stratégie mondiale face au problème du terrorisme qui ne connaît aucune frontière ? « Il y a beaucoup de choses qui ont été dites. Certaines très, intéressantes. Mais il y a, il faut en convenir, manifestement une divergence d'intérêts. Y compris entre les pays du Sud. D'où cette incapacité, par exemple, de la coalition internationale menée par les Américains à mettre hors état de nuire Daech en Irak et en Syrie », dira, en marge des travaux, Richard Labévière, rédacteur en chef du magazine en ligne prochemoyen-orient.ch. « Il est vrai que cette excroissance d'al-Qaïda va dans le sens des intérêts de l'Etat israélien qui souhaite être entouré d'« Etats tribaux croupions » et du projet américain dit GMO qui vise, lui aussi, à « fragmenter » le monde arabe.