Une vue de la conférence Abdelkader Messahel a, par ailleurs, parlé des spécificités de chaque pays, de l'importance d'avoir une référent religieux dépourvu des idées extrémistes. Ouverte hier à Alger en présence de représentants de 41 pays et de représentants de plusieurs organisations internationales, notamment les Nations unies, l'Union africaine et l'Union européenne, la Conférence internationale sur la lutte contre l'extrémisme violent et sur la déradicalisation semble très prometteuse. «La multiplication ces derniers mois de manifestations régionales et internationales consacrées à ces thèmes, dont le sommet de Washington de février dernier et celui de New York prochainement, reflète la grande prise de conscience qui s'est opérée autour de l'importance et de l'urgence de lutter contre ces matrices du terrorisme», a relevé Abdelkader Messahel, homme fort du rendez-vous, à l'entame de son discours. Exposant par la suite l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste et sa stratégie de déradicalisation, qu'il dit être sollicitées par nombre d'Etats et d'organisations, le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, a énuméré plusieurs éléments essentiels. Il s'agit d'une part, de s'associer à la communauté internationale pour lutter contre les phénomènes d'extrémisme, la distinction entre l'islam, religion de paix et de tolérance et l'extrémisme, et le renforcement des Etats, ce sans quoi nulle lutte antiterroriste n'est viable. D'autre part, Il est question de renforcer et approfondir la démocratie participative, l'Etat de droit ainsi que les politiques socioéconomiques favorisant la justice sociale et l'égalité des chances, le recours à la force dans le strict respect des droits de l'homme et des valeurs humaines universelles, l'implication des citoyens et la lutte contre les transfert des combattants issus des zones de conflits vers des territoires instables ou peu nantis en matière de capacités de maintien de l'ordre. Abdelkader Messahel a, par ailleurs, parlé des spécificités de chaque pays, de l'importance d'avoir un référent religieux dépourvu des idées extrémistes, de la bonne formation des imams, de la rigueur dans la sélection des imams, de la restitution de sa mission d'éducation sociale, cultuelle et culturelle à la mosquée, de l'importance de la communication et de la lutte contre la xénophobie et l'islamophobie qui s'affirment comme les nouveaux visages de l'extrémisme violent. Sur le plan judiciaire et pénitentiaire, M. Messahel a mis le point sur l'adoption d'approche privilégiant la réhabilitation et la réinsertion ainsi que l'extraction du milieu carcéral à la propagande extrémiste. Le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe a conclu son intervention en rappelant la contribution de l'Algérie à la lutte contre les extrémismes violents. «Mon pays a régulièrement pris des initiatives régionales et internationales dans l'objectif de contribuer à une meilleure protection de nos pays et de nos populations de la menace terroriste. Ces initiatives incluent la création du Cemoc, de l'UFL, du Processus de Nouakchott, mais aussi le Caert et Afripol qui ont leur siège à Alger. Elles impliquent aussi la participation à l'important travail normatif de lutte contre le terrorisme réalisé au niveau de l'Union africaine, de la Ligue des Etats arabes, de l'Organisation de la coopération islamique, de l'ONU et du Gctf», a-t-il indiqué sous les ovations de l'assistance. Mais ce qui a le plus marqué le discours messahélien, c'est son insistance sur l'importance d'une démarche consensuelle à l'échelle mondiale en matière d'antiterrorisme. M. El-Houès Riache, coordinateur de la conférence, a, lui, d'emblée déclaré que cette rencontre devrait être «sanctionnée par des recommandations qui seront présentées aux Nations unies à Washington dans l'objectif d'aller vers une vision commune dans la lutte antiterroriste et contre les extrémismes violents». De son côté, Smaïl Chergui, commissaire de la Paix et Sécurité de l'Union africaine, a, de son côté, rappelé que «l'Afrique a été la première région à alerter sur la nécessité d'adopter une solution mondiale au problème du terrorisme et à affirmer que celui-ci constitue une menace pour les jeunes démocraties dans le continent». Par ailleurs, M. Chergui a indiqué que le terrorisme devient un phénomène de plus en plus complexe ces derniers temps. En effet, a-t-il expliqué, après avoir été en jonction avec la contrebande transnationale et transcontinentale, il se complique davantage avec l'émergence des Etats islamiques, notamment Daesh, qui sont en concurrence avec El Qaîda. A l'aune de cette nouvelle donne, «les menaces sur l'Afrique se multiplient», a-t-il constaté non sans appuyer les propositions de l'Algérie dans le cadre de la lutte contre les extrémismes violents et qui ont été exprimées par M. Messahel. Des sessions de débats, animées principalement par des experts, dont M'hand Berkouk, Lies Boukraâ, Mohammed Saïd Mekki, Valerio di Divitiis, Mauro Miedico, se sont poursuivies dans la journée à huis clos. Pour rappel, cette conférence internationale sur les extrémismes violents et sur la déradicalisation s'inscrit dans le sillage des différentes initiatives prises par l'Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste et du sommet sur la lutte contre l'extrémisme violent, tenu à Washington, le 19 février 2015. L'ambassadrice des USA à Alger à propos de la lutte contre l'extrémisme violent «Il faut impliquer les sociétés privées» Paege Alexander, ambassadrice des Etats-Unis à Alger, a présidé la délégation américaine à la Conférence internationale sur la lutte contre l'extrémisme violent et sur la déradicalisation qui se tient depuis hier à Alger. Dans son allocution, elle a notamment mis le point sur la nécessité d'homogénéiser les visions dans le cadre de la déradicalistion et de la lutte antiterroriste, point sur lequel elle rejoint parfaitement la position algérienne. «On doit partager nos informations et nos connaissances afin de parvenir à rompre la chaîne de la radicalisation», a-t-elle recommandé. Mme Paege Alexander a également plaidé pour l'aboutissement de la stratégie de coopération internationale qu'elle préconise, en faveur d'une participation non pas seulement des acteurs gouvernementaux, mais aussi des acteurs non gouvernementaux, notamment les ONG et les organisations de la société civile. Mais pas seulement, l'ambassadrice des USA à Alger, a aussi parlé de l'implication des «sociétés privées». «Il faut impliquer et les acteurs gouvernementaux et les acteurs non gouvernementaux, y compris les sociétés privées», a-t-elle affirmé.