La saison estivale n'est pas seulement une période festive. C'est aussi une médaille qui a son revers. Prolifération du phénomène de la vente des produits alimentaires sur la voie et dans les espaces publics, agression contre l'environnement, intoxications alimentaires, mauvaise organisation au niveau des plages et autres espaces de détente sont, entre autres, les faits qui marquent la saison estivale. Le citoyen lambda, à la fois vacancier et consommateur, n'est pas à l'abri de ces désagréments. L'Association de protection des consommateurs et de son environnement (Apoce) fait le point. Son président, Mustapha Zebdi, a signalé que son organisation reçoit en moyenne entre 30 à 40 requêtes par jour. Il a confirmé que ces derniers jours, les choses se sont aggravées avec la recrudescence du phénomène des intoxications alimentaires collectives. « Il y a lieu de s'inquiéter. Il faut mettre rapidement en place une stratégie de protection des consommateurs », a-t-il souligné. Celle-ci consiste, a expliqué Mustapha Zebdi, en la formation des commerçants, notamment les gérants des restaurants et autres fast-foods. Dans cette optique, l'Apoce s'est dite prête à travailler en étroite collaboration avec l'Union des commerçants pour mettre en place une politique de formation et de sensibilisation. « Il ne suffit pas d'avoir un registre du commerce pour ouvrir un fast-food. La connaissance de la chaîne de froid est obligatoire pour tous les commerçants », a-t-il rappelé, non sans ajouter qu'il est urgent d'obliger ces derniers à s'équiper de thermomètre extérieur. Selon lui, les équipements de froid utilisés par certains commerçants ne sont pas fonctionnels. Le porte-parole de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj-Tahar Boulenouar, a indiqué que l'Union organise à chaque début d'été, une campagne de formation et de sensibilisation au profit de ses adhérents. Toutefois, il a précisé que cette initiative doit être chapeautée par les directions du commerce de chaque wilaya ainsi que par les services d'hygiène du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et des services du ministère de la Santé. « C'est uniquement par cette manière qu'on pourra lutter contre les intoxications. Les résultats ne peuvent être obtenus que par un travail collectif », a-t-il souligné. Pour lui, les cas d'intoxication alimentaire s'expliquent par l'absence d'hygiène, le non-respect de la chaîne de froid et des conditions de stockage et de transport. Boulenouar a estimé le nombre d'intoxications enregistré annuellement à 10.000 cas, dont 40% surviennent en été. « La peur au ventre... » De son côté, le président de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), Hariz Zaki, tire la sonnette d'alarme, relevant que les Algériens sont en train de consommer des produits alimentaires la peur au ventre. Il a fait savoir que la fédération a reçu depuis le début de la saison estivale, des « milliers » de réclamations concernant des intoxications alimentaires dues à la consommation des produits de pâtisserie ainsi que la vente des produits alimentaires sur la voie publique. Il a aussi rappelé les produits laitiers qui, selon lui, ne sont pas conservés dans de bonnes conditions. Il a affirmé que les grandes villes, à l'image d'Alger, Oran et Annaba, sont les plus touchés par ces phénomènes. Faut-il rester les bras croisés ? Zebdi a révélé qu'une fois les réclamations des consommateurs reçu, la FAC saisira directement les directions du commerce respectives. Toutefois, il déplore la réaction des autorités souvent « inefficace et sans effet ». Il a cité l'exemple d'un gérant de pâtisserie responsable de dépassements graves et qui poursuit son activité malgré l'ordre de fermeture prononcé par la Direction du commerce. L'autre phénomène constaté, ce sont les agressions contre l'environnement. Zebdi déplore le comportement de beaucoup de personnes qui ne respectent pas l'environnement. Il a regretté que les plages et les forêts soient devenues des milieux « sales » et « impropres ». Pour y remédier, le président de l'Apoce s'est dit pour l'instauration d'une contravention afin de sanctionner ce genre de comportement nuisible à la santé. La même association regrette que la gratuité des plages soit un « slogan ». « En réalité, les plages sont payantes », affirme Zebdi. Dans certains endroits, notamment dans l'est du pays, il a fait savoir que l'accès au parking est entre 60 et 70 DA, le parasol est cédé à 1.200 DA et la somme peut passer à 1.800 DA avec la table et autres équipements. En outre, Zebdi dénonce l'utilisation risquée des jet-skis près du rivage. Pour résumer, le président de l'Apoce a qualifié d'« anarchie totale » la situation qui prévaut sur les plages. Pour lui, la responsabilité incombe aux autorités locales qui doivent prendre les mesures adéquates pour assurer une meilleure organisation.