Dans une Libye décomposée, engluée dans une dérive milicienne à multiples acteurs, le piège terroriste achève de réduire en cendres les idéaux de liberté, de paix et de démocratie chèrement consentis. De Derna en feu, consumant les chimères de l'émirat en gestation, à Syrte, succombant au coup de boutoir des apôtres de l'énigmatique Abou Bakr El Baghdadi, la progression de Daech hante le devenir unitaire de la Libye, malheureusement desservie par la guerre des tranchées qui oppose le gouvernement en exil de Tobrouk, internationalement reconnu, et le Congrès général national (CGN), trônant à Tripoli. Loin des querelles de leadership improductives, il est donc temps de s'inscrire dans une démarche consensuelle de sortie de crise, fortement soutenue par les pays voisins et encouragée par la communauté internationale. L'équation est toute simple : le dialogue inclusif ou le chaos terroriste. Des ateliers d'Alger, décidé à éviter « la spirale de l'inconnu », jusqu'à la station genevoise, tous les efforts se conjuguent pour façonner un consensus au cœur de la nouvelle session qui regroupe quelque 30 personnalités représentant les parties au conflit. Placée sous l'égide de l'émissaire de l'Onu en Libye, Bernardino Leon, la rencontre ambitionne de trouver un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale chargé de mener la transition, la refondation des institutions nationales et la préparation d'une nouvelle Constitution. Pour ce faire, un appel a été lancé la semaine dernière par Leon aux « parties impliquées dans le dialogue de redoubler d'efforts pour réduire les divergences et parvenir à une entente qui sera la base d'un règlement pacifique au conflit politique et militaire ». La présence d'une délégation du CGN, attendue, selon la porte-parole des Nations unies, Ahmad Fawzi, peut effectivement aider à lever les réticences et les « réserves », émises sur l'accord de « paix et de réconciliation » du 11 juillet signé par toutes les parties libyennes et ignoré par le gouvernement de fait de Tripoli, estimant que leurs amendements n'ont pas été satisfaits. Ce nouveau round, qui s'inscrit dans un long processus, se donne pour objectif majeur de « régler de façon commune et par le dialogue les questions litigieuses », a souligné le représentant spécial de l'Onu. L'espoir est permis pour peu que les protagonistes se donnent la main pour promouvoir un partenariat libyen soucieux du devenir communautaire et de la paix tributaire de la volonté commune de faire taire les armes et d'enraciner la logique du dialogue interlibyen. Plus que jamais, les Libyens sont face à leur destin.