Le ministère de l'Education nationale est loin d'avoir gagné son pari concernant l'adoption de la charte d'éthique et de stabilité proposée aux syndicats. Dernièrement, la première responsable du secteur, Nouria Benghebrit, a déclaré qu'elle sera débattue par les syndicats lors de leur université d'été. Maintenant que les universités d'été des syndicats ont été tenues, la question qui se pose est de connaître leurs propositions. Mais les partenaires sociaux semblent décidés à maintenir leur position initiale estimant, pour les uns, que la charte n'est pas une priorité alors que pour d'autres, la stabilité ne peut être obtenue par un simple document. Le chargé de la communication au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation, Messaoud Boudiba, a indiqué que l'université d'été du syndicat n'a pas discuté de cette charte. « Les participants à ce rendez-vous ont estimé qu'elle n'est pas une priorité », a-t-il résumé. Pour lui, il faut d'abord instaurer un climat de confiance entre le ministère et le syndicat avant d'évoquer ce sujet. « Cela passe par la prise en charge par la tutelle du PV du 19 mars dernier portant sur la médecine du travail, la promotion des travailleurs sans omettre la prise en charge des cas des enseignants en voie de disparition », a-t-il expliqué. Pour sa part, le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie, Achour Idir, a soutenu que son syndicat ne croit pas à la logique des chartes comme moyen de stabilité. Et pour cause, « signer la charte ne garantit pas forcément la stabilité du secteur qui passe par la disponibilité et la volonté de la tutelle à répondre aux doléances des travailleurs », a-t-il relevé. Selon Achour Idir, il suffit d'un engagement moral entre les deux parties pour assurer au secteur cette stabilité. Tout aussi rétif, le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, a soutenu que son syndicat ne trouve pas d'inconvénient à l'instauration d'une charte d'éthique et de stabilité pour peu qu'elle soit bien étudiée et murement réfléchie. Pour lui, personne n'est contre la stabilité de l'école. Toutefois, il a indiqué que cela ne peut se réaliser sans que le ministère ne prenne en charge les revendications des travailleurs. Il a rappelé que la charte contient 10 devoirs pour seulement deux droits. « Il y a plus de devoirs que de droits », a-t-il résumé, notant que le document s'adresse aux syndicats et aux enseignants, en oubliant les autres catégories des travailleurs. « Les responsables de la tutelle doivent être concernés. Ces derniers doivent répondre de leurs actes. Nous refusons l'impunité », a-t-il suggéré. Avant d'ajouter : « La charte doit toucher tous les travailleurs du secteur, sans exception. » De ce fait, il a souligné que la rencontre prévue fin août entre le Satef et la ministre sera une occasion pour rediscuter cette charte en présentant les propositions du syndicat. Le coordinateur national du Snapest, Meziane Meriane, n'en pense pas moins. Selon lui, personne n'est contre la stabilité du secteur et de l'école. « La charte ne peut être la solution mais plutôt une méthodologie pour la résolution des problèmes », a-t-il soutenu. Il a confirmé que lors de l'université d'été du syndicat, cette question a été largement débattue par les participants. Un atelier lui a été même consacré. « Nous ne sommes pas contre la charte d'éthique, ni contre une école de qualité, ni contre la stabilité du secteur. Mais il n'est pas question que la charte soit vue comme un contrat », a-t-il affirmé.