La « crise de confiance au sommet de l'Etat » qui a provoqué le limogeage du gouvernement du Premier ministre Domingos Simoes Pereira, nommé en juillet 2014, prend des proportions inquiétantes pour le fonctionnement des institutions menacées de blocage total. Si le président José Mario Vaz menace de recourir à la dissolution du Parlement et à la tenue de nouvelles législatives, la confusion s'installe dans la grande famille du parti au pouvoir dont fait partie le président. Au sein du Parti pour l'indépendance de la Guinée Bissau et le Cap Vert (PAIGC), cette éviction a été unanimement contestée. A commencer par le Premier ministre qui a confirmé, jeudi dernier au soir, sa décision de reconduire sa candidature, en vertu des dispositions statutaires qui permettent au président du parti d'occuper le poste de Premier ministre. Le retour aux affaires du Premier ministre limogé a été soutenu, vendredi dernier par le PAIGC, majoritairement à l'Assemblée nationale. Dans cet imbroglio, l'Exécutif désormais à deux têtes traduit la profondeur et l'ampleur de la crise générée par de nombreux désaccords listés par le président Mario Vaz : la nomination d'un nouveau chef d'état-major des armées, la fermeture de la frontière commune avec la Guinée (à cause de l'épidémie d'Ebola), le manque de transparence dans l'attribution des marchés publics, la corruption, le népotisme, des obstructions à la justice. Le fossé s'est agrandi notamment après l'échec des tentatives de conciliation entreprises par le président sénégalais Macky Sall et de son homologue guinéen Alpha Condé. Face au scénario du pire, la communauté internationale se mobilise. Dans un communiqué, publié vendredi dernier, le Conseil de sécurité a notamment appelé les forces de sécurité à ne pas intervenir dans le conflit et à privilégier le règlement politique de la crise en Guinée Bissau. En même temps, le Conseil de sécurité a encouragé la reprise de la médiation. L'envoyé des Nations unies, Miguel Trovoada, et le président du Sénégal, qui dirige la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest Cedeao, travaillent main dans la main pout tenter de « répondre de façon appropriée » à la situation de tension et « trouver une solution pacifique à l'impasse ». Par-delà les querelles de leadership, le retour au dialogue et au consensus dans la gestion des affaires nationales reste le moyen le plus sûr pour régler les différends politiques et remettre de l'ordre dans la même famille politique.