Dans le jargon populaire, un produit taïwan signifie produit au rabais, de piètre qualité. De la camelote vendue à bon marché dont la fiabilité n'est jamais garantie. Elle est même certifiée mauvaise. La dérision a même étendu l'usage du lexème à d'autres manifestations de la vie quotidienne. Le produit taïwan s'est répandu dans tous les commerces. L'informatique, la pièce détachée automobile, l'électroménager, la téléphonie mobile, le textile, la maroquinerie, le matériel de cuisine, matériaux de construction, les détergents, les produits cosmétiques, les affaires scolaires, l'emballage, les jouets... Tout est gangrené par le non-respect des normes de sécurité tel qu'agréées par les organismes internationaux. Il est admis que l'absence de contrôle approprié en amont de l'importation a favorisé l'expansion de ce type de marché qui rime avec falsification. Un ersatz de pièce ou de produit d'origine que les clients se consentent à accepter faute de mieux ou encore pour des raisons économiques. Des modèles de marque de fabrication huppée sont copiés sans en respecter la qualité des composants. D'aucuns se désolent que de la marchandise non conforme aux normes conçues, pour l'essentiel, dans des laboratoires des pays asiatiques soit fourguée au reste du monde. Du moins, à ceux parmi les pays où le contrôle de la qualité est sommaire ou dont les frontières sont poreuses. Alors, depuis qu'il est question de la réorganisation du commerce extérieur qui ambitionne de mettre de l'ordre dans le secteur par l'identification des opérateurs et de leur activité, la lutte contre la contrefaçon devient un impératif sous-jacent à l'assainissement. « Le marché algérien se caractérise par une prolifération de produits industriels, notamment importés, présentant une double caractéristique : des produits contrefaisant des marques notoires et une sécurité en deçà des spécifications normatives utilisées au plan international. » Le constat est du directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Mimoun Bouras, qui s'est confié à l'APS. Quelle est alors la parade face à cette invasion de marchandises sous-labellisées ? On apprendra de ce responsable qu'un dispositif normatif, similaire à celui de l'Union européenne, sera mis en place pour renforcer le contrôle des produits industriels importés ou fabriqués localement. Les ministères du Commerce et de l'Industrie et des Mines s'investiront conjointement dans ce projet. Le dispositif sera inspiré de celui de l'UE, qui s'appuie notamment sur le marquage « CE » (conforme aux exigences). Il précisera qu'actuellement, le contrôle de la conformité des produits industriels s'effectue en trois phases : le contrôle documentaire et visuel, la vérification de l'existence du certificat de garantie et, si nécessaire, un prélèvement d'échantillons. Seulement, le laboratoire régional de Constantine qui analyse les échantillons ne dispose pas de suffisamment de moyens face à la multitude de produits mis sur le marché. L'entrée en activité du Laboratoire national d'essais, prévue au cours du deuxième semestre de l'année 2016, devrait combler la lacune. Ce laboratoire, situé dans la ville de Sidi Abdallah, à Zéralda (Alger), sera doté d'annexes spécialisées en analyses physicochimiques et microbiologiques pour le contrôle de la conformité des produits industriels. Tandis que les importateurs seront, prochainement, appelés à apporter la preuve de la conformité de leurs produits au regard des normes en vigueur dans le pays d'origine. Alors, est-ce la fin imminente du produit taïwan ?