La violence et les assassinats politiques au Burundi se multiplient. Ils inquiètent l'Union africaine (UA) qui a lancé, hier, une mise en garde sur les « conséquences catastrophiques » dans le pays ainsi que toute la région en cas d'échec d'un règlement pacifique de la crise politique qui a débuté fin avril avec une contestation populaire contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. La réaction de l'organisation panafricaine est intervenue au lendemain de l'assassinat du colonel Jean Bikomagu, ex-chef d'état-major de l'armée et figure du camp tutsi pendant la guerre civile contre la rébellion hutue (1993-2006), devant sa maison dans la capitale, Bujumbura. Sa fille, qui l'accompagnait, a été grièvement blessée. « Cet acte ignoble et les multiples autres actes de violence enregistrés ces derniers mois illustrent encore une fois la gravité de la situation que connaît le Burundi et les risques réels de la voir se détériorer davantage, avec des conséquences catastrophiques tant pour le pays lui-même que pour l'ensemble de la région », a souligné la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini Zuma, dans un communiqué. La banalisation de la violence a durement frappé, il y a une douzaine de jours, le bras droit du président Nkurunziza, le général Adolphe, abattu le 2 août dernier par un membre de la garde présidentielle, le sous-officier Komera, pointant l'index sur les hauts dignitaires qui ont commandité l'attentat. Quatre des cinq suspects, des militaires en activité, ont été appréhendés cette semaine et ont comparu devant la justice, alors que 5 autres restent en fuite. Dans ce climat tendu, la responsable de l'UA a insisté « encore une fois sur l'impératif du dialogue et du consensus pour trouver une solution pacifique et durable à la crise actuelle et préserver les acquis importants obtenus grâce à l'accord d'Arusha de 2000 pour la paix et la réconciliation au Burundi et à l'accord global de cessez-le-feu de 2003 ». Dlamini-Zuma a, enfin, réitéré l'appel de l'UA aux acteurs burundais pour qu'« ils fassent preuve de la plus grande retenue et d'esprit de responsabilité en ce moment critique de l'histoire de leur pays ».