Il ne se passe pas donc un jour d'été sans être pour ainsi dire invité à partager sur l'autoroute, dans les artères de la ville et villages, les expressions parfois tumultueuses de joie des familles et amis des mariés. Il faut dire que les processions sur la route se ressemblent toutes. Ils ne passent jamais inaperçus. Phares et warnings allumés, les voitures qui les composent émettent d'interminables klaxons, cadencés par la mélodieuse percussion de la troupe de Zorna qui prend souvent place dans des fourgons ou carrément à l'arrière des camionnettes. La wilaya de Tipasa ne fait pas exception en ce sens. « Nous avons atteint le pic des cortèges samedi dernier. Sur le tronçon de l'autoroute reliant Douaouda à Tipasa, j'en ai croisé sans exagération une douzaine dans les deux sens. Certes ça vous tient compagnie, tant l'ambiance est assurée, mais il faut faire très attention aux chauffards inconscients qui n'hésitent pas à effectuer des manœuvres dangereuses pour épater la galerie, sans se soucier de la gravité de leurs gestes », met en garde Sid Ali de Tipasa. Comme lui, d'autres usagers de la route prennent toutes leurs précautions et redoublent de vigilance lorsqu'ils croisent ces défilés bruyants. C'est le cas d'une dame de Hadjout qui a failli être victime d'un accident. « J'étais sur la route menant de Hadjout à Tipasa. Tout d'un coup, j'ai vu une voiture me foncer dessus à l'amorce d'un virage. Au lieu de se déporter sur sa voie, le conducteur a continué sa course folle. Résultat, je me suis retrouvée sur le bord de la route. Ma voiture a failli déraper. Dieu merci, j'ai réussi à la stabiliser », raconte-t-elle. Depuis ce jour, elle en garde un mauvais souvenir. « Je ne prends plus part aux cortèges avec mon véhicule. Je préfère être en compagnie de mon mari. Lui au moins, il réagit très vite en cas d'éventuel danger », confie-t-elle. L'autre danger qui guette souvent les personnes qui prennent part aux cortèges est l'inconscience de certains jeunes et même parfois des enfants qui s'assoient sur le cadre des portières, alors que le chauffeur slalome au milieu du cortège. Certains osent même des selfies. Fort heureusement, il y a des gens qui mesurent parfaitement la situation et imposent à ceux qui veulent prendre part aux cortèges certaines mesures élémentaires. C'est le cas de Kamel. Un jeune d'Ahmeur El Aïn à qui l'on confie souvent la gestion des cortèges dans son entourage. « Je préviens tout le monde à l'avance que les manœuvres dangereuses sont strictement interdites. S'il arrive qu'un chauffeur enfreint ces consignes il quitte immédiatement le cortège. Et je l'ai fait par le passé », explique-t-il. Pour mieux superviser le cortège il s'est entouré d'une équipe de trois personnes. Chacun en contrôle une partie. « Si on ne procède pas de la sorte, il n'y aura plus d'ordre et chacun n'en fera qu'à sa tête », prévient-il.