Les travailleurs de N'gaous Conserves SPA, dans la wilaya de Batna, sont toujours en grève. Ils sont déterminés à poursuivre leur mouvement entamé le 7 août dernier jusqu'à la satisfaction entière de leurs revendications socioprofessionnelles. C'est ce qu'a annoncé, hier, le secrétaire général du conseil syndicale de l'entreprise, Salah Bourzam. Les grévistes réclament une augmentation de 45% sur le salaire de base ainsi que la titularisation des travailleurs ayant une année de travail. Comme ils revendiquent la révision de la convention collective arrivée à échéance en 2013 et que la direction refuse de revoir. Bourzam a expliqué que le syndicat a respecté les démarches administratives dans le processus de déclenchement de la grève. C'est ainsi qu'il a fait savoir que l'arrêt de travail a été décidé en assemblée générale organisée successivement dans les deux unités le 22 juillet dernier en présence d'un huissier de justice, et un préavis de grève de 10 jours a été dressé et déposé auprès de la direction. Le syndicaliste regrette que toutes les rencontres de travail avec la direction pour trouver une issue favorable à ce bras de fer se soient soldées par un échec. « Aucun compromis n'a été trouvé entre les deux parties », a-t-il dit. Et d'ajouter que la direction tient à sa proposition concernant l'augmentation de 15% du salaire de base au lieu des 45%. Reste que ce qui intrigue le plus le syndicaliste est la démarche de la direction visant à déclarer illégitime la grève. « La direction n'a pas à se prononcer sur la légitimité de notre action. C'est à la justice de le faire », a-t-il soutenu. Effectivement, la justice s'est prononcée par la suite, a-t-il poursuivi, en ordonnant aux travailleurs d'observer un arrêt provisoire, coupant ainsi la poire en deux. Toutefois, selon lui, il n'est pas question de reprendre le travail sans la prise en charge de leurs « préoccupations des plus légitimes ». Le syndicaliste regrette, également, le comportement de la direction qui a décidé de « recourir aux intimidations et autres menaces pour faire pression sur les travailleurs et les dissuader de renoncer au mouvement ». « Ce n'est pas de cette manière qu'on peut régler les problèmes. Il doit y avoir un débat responsable et serein. Nos revendications datent de plusieurs années. Elles doivent être satisfaites par la direction, et le plus tôt sera le mieux », a-t-il dit. Les clarifications de la direction La direction a tenu un tout autre langage. Selon le président du conseil d‘administration, Ali Lateb, les revendications des travailleurs ont été toutes prises en charge. « La direction a décidé de titulariser les 315 travailleurs de l'entreprise ayant plus d'une année de travail. Comme elle a décidé d'engager des négociations sur la révision de l'actuelle convention collective », a-t-il précisé. Quant à l'augmentation des salaires, le même responsable a fait savoir que cette question est liée aux objectifs. Cependant, la direction a proposé une hausse de 15 % que les travailleurs ont rejetée. « Les salaires qu'assure cette entreprise sont les plus élevés dans l'industrie de l'agroalimentaire en Algérie », a affirmé Lateb, signalant que le salaire le plus bas est de 32.000 DA. En outre, il a indiqué que l'entreprise a distribué pas moins de 10 milliards de centimes aux travailleurs comme bénéfice de fin d'année, soit l'équivalent de 16 à 17 millions de centimes pour chaque employé. Concernant la décision du syndicat de déclencher cette grève, le président du conseil d'administration a soutenu que les dispositions réglementaires stipulent que le préavis de grève doit être annoncé 20 jours auparavant et non 10 jours. Et face aux pertes financières, estimées par la direction à 70 milliards de centimes, occasionnées par la paralysie de la production, Lateb a fait savoir que l'entreprise a mené une action en justice qui a tranché pour une « reprise immédiate du travail ». Pour lui, il n'est pas question de négocier dorénavant et tout le monde doit se soumettre aux décisions de la justice. L'entreprise N'gaous a été privatisée en 2007. Elle a été cédée plus tard au groupe Mazouz, qui en devient le propriétaire. Les produits de l'entreprise sont distribués dans les 48 wilayas. Aujourd'hui, l'entreprise est passée à la conquête du marché extérieur, notamment la Tunisie, l'Indonésie et même l'Union européenne.