A Berlin, le couple franco-allemand est ainsi confronté à la crise des Balkans qui constituent la nouvelle portée d'entrée des migrants partis à l'assaut des côtes italienne et grecque complètement submergées, Désormais, c'est à travers la Macédoine, placée en état d'urgence, et la Serbie que des milliers de réfugiés, majoritairement syriens et des autres nationalités fuyant le chaos et la misère, affluent en direction du Nord. Le fléau prend des dimensions incontrôlables. La Fédération internationale de la Croix-Rouge s'attend à une « hausse dramatique ». Le tableau de bord des naufragés de la mondialisation et des guerres néocoloniales est éloquent. Selon l'agence européenne pour la gestion et la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex), 340.000 personnes ont traversé les frontières européennes, les sept derniers mois. Le record de l'année 2014 (280.000) est largement dépassé. Ce qui augure d'une exacerbation et de la généralisation de la crise, comme le montre l'afflux des 2.000 migrants, recensés dans la nuit de dimanche à lundi. Il sont venus se greffer aux 7.000 passagers enregistrés le week-end en provenance de la Macédoine procédant à la réouverture des frontière après trois jours de fermeture avec la Grèce (160.000) débordée et accusée par le gouvernement macédonien de diriger de façon organisée les migrants vers la Macédoine. De Turquie en Italie, en passant par la Grèce, la longue marche des migrants prend pied en Europe occidentale coupable d'indifférence et de passivité. Face au pire exode jamais vécu depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Union européenne est tenue de faire front pour tenter de donner « une nouvelle impulsion » à la réponse commune. Placée en « haut de l'agenda », la question de la migration qui occupe une place centrale dans la rencontre de Berlin pour une perception commune d'un problème commun. En attendant, la tenue dans les prochains jours d'une « réunion des ministres de l'Intérieur ou des Affaires étrangères », la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande ont tiré la sonnette d'alarme sur l'insuffisance et la lenteur dans la mise en œuvre des décisions européennes. « L'Europe est d'une certaine façon dans un sommeil profond et reste en mode vacances », a déclaré le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, à la télévision publique allemande. « Le grand acquis de l'ouverture des frontières se trouve naturellement en danger, si sur la durée, l'impression s'installe que ce sont seulement la Suède, l'Autriche et l'Allemagne qui accueillent un grand nombre de réfugiés », a-t-il souligné. La crainte est également exprimée par l'Italien Paolo Gentiloni fustigeant, dans une interview à Il Messaggero, les « égoïsmes, prises de décision hasardeuses et disputes entre les Etats membres. L'esprit Schengen est en danger de déficit de solidarité ». « Les migrants n'arrivent pas en Grèce, en Italie ou en Hongrie. Ils arrivent en Europe. Voilà pourquoi les règles d'accueil doivent être européanisées », fera-t-il remarquer. Tout l'enjeu réside précisément dans l' « harmonisation » des politiques d'asile (normes d'accueil, procédures d'accueil...) et la mise en place une politique européenne complète, la question des quotas obligatoires, rejetée il y a une semaine, est incontournable pour partager le lourd fardeau des migrations. Berlin prépare-t-elle l'Europe de la solidarité ?