Notre artisane de Maatkas, wilaya de Tizi-Ouzou , est une habituée des salons exposant ses créations qui sont de toute finesse s'agissant des amphores , cruches et autres vases autrefois utiles dans nos campagnes et maintenant objets de décoration. Na Chabha, toute de douceur, discrète et la voix paisible explique ses débuts dans la création d'ustensiles en terre cuite «nécessaires à la maison et à la bourse du fait des économies qu'on peut faire». Mère de 13 enfants, Chabha Dahmoune 71 ans, raconte sa jeunesse dans cette montagne aride où l'on allait pieds nus en toute saison. «L'hiver dans la neige et l'été sous la chaleur. Les vêtements en lainage étaient rares, aller puiser l'eau à la source était un passage obligé sans parler des travaux des champs et de la corvée de bois. Aujourd'hui nous avons des manteaux, des chaussures ce qui était impensable auparavant». Faisant partie de la ligue des arts traditionnels de Tizi-Ouzou, Chabha Dahmoune dénombre les différentes tâches nécessaires pour la fabrication de ses ouvrages. «Aller chercher la terre, la tremper une semaine, réduire en poudre les vieux ustensiles en terre cuite (afrour)pour les incorporer à la terre , la pétrir puis solliciter l'aide d'autres potières , s'il y a lieu de le faire, afin de concevoir les objets et ustensiles. La cuisson se réalise dans le jardin. On creuse un large trou qu'on tapisse de bûches de bois et de bouses séchées, on couche nos objets que l'on recouvre de bois. La cuisson durera le temps de la combustion des branchages. La dernière étape est le dessin qui viendra rehausser l'ouvrage en terre cuite» Elle exhibe ses pinceaux en poils de chèvres, trois modèles pour divers dessins et ornements, le galet utilisé au polissage et les différentes terres d'ornements. Chandeliers, plateaux pour rouler le couscous, plats, amphores sont couramment, réalisés. Tisserande, potière Chabha Dahmoune a même exposé dans deux villes en France notamment à Saint Etienne. Si Na Chabha, a voyagé même au-delà de nos frontières cela n'a pas été sans quelques conditions imposées par son vieux compagnon. «Au début, je ne pouvais pas me déplacer et aller aux expositions mais à la longue mon époux a fini par accepter la chose», dit-elle avec un sourire.