Les pistes qui pourraient mener à une solution à la crise postélectorale ivoirienne se réduisent. Le recours à l'usage de la force est envisagé. Les 15 pays de l'Afrique de l'Ouest refusent tout compromis avec Laurent Gbagbo, le président ivoirien sortant. Ils lui demandent à l'issue d'un sommet extraordinaire à Abuja, Nigeria, le second après celui du 7 décembre dernier sur la crise politique en Côte d'Ivoire, de «quitter» le pouvoir «de son propre chef» comme le pressent de le faire la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Union africaine. Alassane Ouattara qui est reconnu comme le président «légitime» - il a été désigné vainqueur avec 54,10% par la Commission électorale indépendante-, presse ses «voisins» de chasser du pouvoir son rival par la force militaire s'il refuse une sortie honorable et poursuit ses violences. «Je demande au Conseil de sécurité des Nations unies, à l'Union européenne, à l'Union africaine et à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest d'envisager la force et à la Cour pénale internationale de poursuivre le président sortant», déclare Guillaume Soro, le Premier ministre du gouvernement d'Alassane Ouattara, estimant que le président sortant a épuisé toutes les solutions pacifiques. Charles Blé Goudé, le chef des Jeunes Patriotes, un mouvement de partisans de Laurent Gbagbo, prévient. «Un envoi d'une force militaire pourrait relancer la guerre civile qui a coupé le pays en deux en 2002-2003», dit-il appelant à une grande manifestation «pacifique» le 29 décembre à Abidjan. Comme Gbagbo, il refuse toute «transition sans violence». Même si la communauté internationale qui a entamé une asphyxie financière de Laurent Gbagbo, brandit la menace d'envoyer les responsables des violences signalées à Abidjan à La Haye pour être jugés par la Cour pénale internationale. Selon le Conseil des droits de l'homme de l'Onu, qui a adopté jeudi soir une résolution condamnant les violences politiques et préconisant l'ouverture d'une enquête sur l'ensemble des crimes commis et la protection des civils, les violences postélectorales ont fait plus de 200 morts. L'Onuci, la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire, parle de chasse aux sorcières (90 cas de tortures et mauvais traitements, 471 arrestations, 24 cas de disparitions forcées et création d'un charnier de 60 à 80 corps). «Certaines maisons sont marquées avec des signes distinctifs» et la nuit «des individus armés, dont des combattants libériens lourdement armés pénètrent dans ces maisons, procédant à des enlèvements et commettant d'autres crimes» peut on lire dans un communiqué qu'elle a rendu public. Même si l'hypothèse d'une solution militaire se renforce, celle-ci semble loin d'être simple. Ni les 9000 hommes de l'ONUCI ni les 900 soldats français de la Force Licorne n'ont les capacités opérationnelles nécessaires. Pour pouvoir agir, ils ont besoin de la force d'intervention, l'Ecomog de la CEDEAO, d'un renforcement des Casques bleus et des forces armées des Forces nouvelles de Soro. La crise ivoirienne risque de s'installer dans la durée et de peser sur la vie politique de la région. Au Gabon, des opposants comparent Ali Bongo à Laurent Gbagbo. Depuis quelques jours l'Union nationale martèle que «Ali Bongo doit partir». Elle s'appuie sur un documentaire sur «la Françafrique» diffusé par la chaîne France 2, qui montre comment l'élection présidentielle d'août 2009 a été truquée.