La communauté internationale a pressé vendredi le chef de l'Etat ivoirien sortant Laurent Gbagbo de rendre le pouvoir "d'ici à la fin de la semaine" au président "démocratiquement élu" Alassane Ouattara, au lendemain d'affrontements meurtriers dans le pays entre les partisans des deux rivaux à la fonction présidentielle. A l'issue d'un sommet à Bruxelles, les dirigeants de l'Union européenne (UE) ont exhorté armée et civils à "se placer sous l'autorité du président démocratiquement élu, Alassane Ouattara" et ont haussé le ton contre Gbagbo, menacé de sanctions avec d'autres proches s'il ne quitte pas le pouvoir "d'ici la fin de la semaine". Ils ont également réaffirmé "la détermination de l'UE à prendre des mesures ciblées contre qui voudraient continuer à empêcher le respect de la volonté exprimée par le peuple ivoirien". Après avoir qualifié de "parfaitement inadmissible", la situation en Côte d'Ivoire, le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy a prévenu, lors du sommet de Bruxelles, que "si avant la fin de la semaine Laurent Gbagbo n'a pas quitté le poste qu'il occupe en violation de la volonté du peuple ivoirien, lui et son épouse seront nommément sur la liste des sanctions" de l'UE. Selon des sources diplomatiques à Bruxelles, l'UE prépare une liste de 18 ou 19 noms, essentiellement des proches de Laurent Gbagbo, qui feront l'objet de sanctions comme un gel d'avoirs et des restrictions de visas. Le placement ou non du dirigeant ivoirien lui-même sur la liste fait encore débat, selon des diplomates qui ont précisé que la liste devrait être décidée lundi prochain par les représentants permanents des 27 gouvernements européens. De son côté, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a mis en cause la "responsabilité" de ceux qui s'opposent à un transfert pacifique du pouvoir au "président élu", l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, qui bénéficie du soutien de l'ensemble de la communauté internationale dont l'UA. Par ailleurs, Mme Ashton a appelé les parties impliquées dans la crise post-électorale ivoirienne "à rester calmes et à garder leur contrôle de soi", exprimant son "inquiétude" après la montée des violences et déplorant les victimes des récentes manifestations à Abidjan. Les violences ont éclaté jeudi à Abidjan lorsque les partisans de M.Ouattara ont tenté de marcher sur la radio-télévision d'Etat RTI, mais en ont été empêchés par les forces de l'ordre fidèles à M. Gbagbo qui ont ouvert le feu. Ces militants ont prévu de reprendre leur marche sur la RTI, ainsi que sur le siège du gouvernement, vendredi. Le bilan de ces violences varie entre 11 et 30 morts, selon diverses sources, qui parlent aussi de 80 blessés. Au lendemain de ces violences, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, est arrivé dans la capitale économique ivoirienne (Abidjan), pour tenter de trouver une solution à la crise politique née de la présidentielle du 28 novembre. M. Ping s'est directement rendu de l'aéroport au quartier administratif du Plateau où est situé le palais présidentiel et où se trouve Laurent Gbagbo. Il devrait ensuite se rendre au quartier général d'Alassane Ouattara. La visite de M. Ping fait suite à une précédente tentative de médiation de l'organisation panafricaine menée par l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, qui n'a pas réussi à débloquer la crise. Sur le plan humanitaire, le Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) a indiqué s'attendre à ce que le nombre de personnes fuyant la Côte d'Ivoire atteigne les 5.000 au début de la semaine prochaine au plus tard, en raison des troubles post-électoraux. Le HCR dénombrait vendredi 4.441 réfugiés ivoiriens, dont 4.241 ont fui au Liberia (contre 3.500 mardi) et 200 en Guinée, depuis le deuxième tour de la présidentielle. Ce chiffre pourrait grimper à "5.000 en début de la semaine prochaine voire avant étant donné le rythme d'arrivées" de réfugiés, a expliqué à la presse une porte-parole du HCR, Melissa Flemming. De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit "vivement préoccupé" par les violences en Côte d'Ivoire, appelant les forces de l'ordre locales à un usage "proportionné" de la force et à "respecter les principes humanitaires élémentaires". "Les vies doivent être épargnées, l'intégrité physique et la dignité des personnes respectées", a expliqué le CICR dans un communiqué rappelant notamment que les forces de sécurité engagées dans les opérations de maintien de l'ordre "ne doivent recourir à la force que lorsque cela est strictement nécessaire.