La crise ivoirienne s'éternise et la préoccupation est à son comble. Le bras de fer entre Laurent Gbabgbo et Alassane Ouattara se durcit. Les scénarios de sortie de crise ne semblent pas nombreux. Pour la première fois depuis sa cérémonie d'investiture, Laurent Gbagbo s'est adressé aux Ivoiriens lors d'une très attendue allocution à la télévision. «Je suis le président de la Côte d'Ivoire», a clamé le président Laurent Gbagbo qui subit une pression internationale de plus en plus dure. Cependant, Gbagbo était attendu sur ses intentions face à une crise qui risque de faire exploser le pays. Il dira être «disposé à accueillir un comité d'évaluation sur la crise postélectorale». Et ce fameux comité aurait pour mission d'«analyser objectivement les faits et le processus électoral pour un règlement pacifique de la crise». Ainsi, pour la première fois depuis le début du bras de fer, Laurent Gbagbo esquisse une volonté de négociation. La proposition ne manquera pas d'être interprétée comme l'ouverture d'une porte pour des discussions. L'homme fort de Côte d'Ivoire dresse néanmoins une condition. Son adversaire Alassane Ouattara doit impérativement reconnaître sa défaite à la présidentielle et se «soumettre à la loi ivoirienne». Le discours de Gbabgbo a cependant déçu les parties qui s'attendaient à ce que le locataire du palais présidentiel revienne à une position plus souple. Gbagbo dénoncera en particulier les pressions dont il fait l'objet à travers le monde. «Les Occidentaux ont déclaré la guerre aux Ivoiriens et cela ne peut être accepté», dira Laurent Gbagbo. Malgré un risque d'isolement palpable et un radicalement des positions, Gbagbo n'entend pas donner des signes de fléchissement. Pour sortir de cette situation, il se dit prêt à traiter avec une initiative africaine. Du côté d'Alassane Ouattara, la proposition est accueillie avec suspicion, voire avec dédain. Les propositions de dialogue de Laurent Gbagbo n'ont pour seul but que de «gagner du temps». Ce sont des «manœuvres de diversion pour tenter de diviser», arguera le camp Ouattara. En attendant un brin d'espoir, les décisions de rétorsion contre Gbagbo s'accumulent. Washington a annoncé avoir pris des sanctions contre Laurent Gbagbo et un certain nombre de ses proches, sa famille et des membres de son gouvernement. La décision américaine fait suite à celle de l'Union européenne qui a décrété une interdiction de circuler pour Gbagbo et dix-huit de ses proches. Les sanctions semblent pour l'heure dans l'incapacité de faire sortir le pays de l'impasse. La CDEAO compte tenir un sommet d'urgence demain à Abuja pour discuter de la crise ivoirienne et trouver une issue pour éviter le pire. La mission s'annonce des plus difficiles. Lors d'une précédente réunion, la CDEAO avait suspendu la Côte d'Ivoire de son organisation et appelé Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir. M. B.