Par la voix de sa chancelière, Angela Merkel, l'Allemagne, première destination des migrants, a annoncé, hier, avoir débloqué six milliards d'euros pour leur prise en charge. Mme Merkel a, une fois de plus, appelé ses partenaires européens et l'Union européenne à agir. « Ce que nous vivons est quelque chose qui va continuer de nous occuper dans les années à venir, nous changer, et nous voulons que le changement soit positif et nous pensons que nous pouvons y arriver », a souligné la chancelière Angela Merkel, explicitant le programme de deux fois trois milliards d'euros prévus pour 2016 pour améliorer la prise en charge et l'intégration des migrants. « Le temps presse pour trouver une solution », a-t-elle martelé. Le pays a encore reçu durant le week-end quelque 20.000 personnes (50.000 au cours du seul mois d'août) dont nombre de Syriens, venant de Hongrie. Berlin en accueillerait donc un peu plus de 31.000. Signe de l'ampleur du travail encore à accomplir, l'Allemagne s'attend à recevoir 800.000 demandes d'asile cette année, quatre fois plus que l'année précédente. De son côté, la France n'entend pas rester les bras croisés. Paris s'est engagé à accueillir 24.000 réfugiés. Le président François Hollande a indiqué que son pays allait accueillir, sur deux ans, 24.000 des 120.000 réfugiés que la Commission européenne veut reloger en Europe. Mais, devant la « vulnérabilité » d'une Europe en pleine crise de migration, Hollande a proposé une conférence internationale dans l'espoir de trouver une solution consensuelle à ce phénomène qui risque bel et bien de déstabiliser les pays européens, notamment les moins puissants économiquement. Une proposition qui n'a pas encore reçu l'aval de la Commission dont le chef, Jean-Claude Juncker, va proposer, demain, au Parlement européen, de répartir 120.000 réfugiés sur les deux prochaines années. Rappelons que cette initiative va s'ajouter à la réinstallation de 40.000 migrants annoncée en mai, qui ne concernait que l'Italie et la Grèce. La Commission doit proposer des quotas d'accueil avec, notamment, l'Allemagne à 26,2%, la France à 20% et l'Espagne à 12,4%. Sur le terrain, le grand « débarquement » continue. Notamment en Allemagne dont les autorités ont décidé de ne plus renvoyer les Syriens vers leur point d'entrée en Europe. Des médias allemands évoquaient quelque 10.000 arrivées possibles pour hier. Berlin et Vienne, qui ont ouvert le passage pour les migrants venant de Hongrie, ont toutefois prévenu que la situation devait rester « temporaire » et exceptionnelle. Mme Merkel, à l'issue d'un week-end qu'elle a qualifié de « saisissant et émouvant », a salué l'élan de solidarité des Allemands qui ont accueilli en masse avec de la nourriture et des vêtements les migrants. En Méditerranée, les arrivées par centaines en provenance des côtes turques se poursuivent à un rythme soutenu sur les îles grecques d'Egée orientale. Au total, 2.600 réfugiés et migrants ont été recueillis en mer par les garde-côtes grecs entre vendredi et hier matin.