Des centaines de milliers d'indépendantistes, 1,4 million selon la police locale, ont célébré, vendredi, dernier, la journée nationale de la Catalogne, la Diada, deux semaines avant un scrutin centré sur la sécession. Une large flèche jaune portée par des bénévoles a fendu la foule sur cinq kilomètres dans la deuxième ville d'Espagne, pour s'emboîter dans une scène blanche, triangulaire. Un symbole évoquant, selon les organisateurs, l'élan vers une république indépendante. Depuis 2012, la région n'a eu de cesse de réclamer un référendum sur le modèle des consultations sur la souveraineté du Québec et de l'Ecosse qui se sont soldées par la victoire du non. Le président du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, l'a toujours refusé, faisant valoir qu'il revient à tous les Espagnols de se prononcer sur l'unité du pays. Le Parti populaire (PP, droite) qu'il dirige prend désormais très au sérieux ce scrutin. Les visites de ministres se succèdent dans la région de 7,5 millions d'habitants qui représente 19% du PIB de l'Espagne et d'où partent 25% des exportations. Jeudi à Barcelone, son ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia Margallo a surpris en se disant favorable à une réforme constitutionnelle avec davantage d'autonomie fiscale pour la Catalogne, vieille revendication de Barcelone. Il a été démenti par son collègue de l'Intérieur Jorge Fernandez Diaz. « Ce n'est pas en ligne avec la position officielle du parti » populaire, a-t-il dit, alors que l'heure de vérité s'approche. Selon les sondages, les deux listes indépendantistes - « Junts pel si » et celle la CUP (extrême-gauche) - obtiendraient une majorité absolue en sièges au parlement catalan (68 à 74), sans pour autant réunir la moitié des voix (44 à 46%). Or, le président de l'exécutif catalan Artur Mas affirme que 68 sièges suffisent pour lancer le processus devant aboutir à une déclaration unilatérale d'indépendance d'ici 2017. Bon nombre de Catalans et d'Espagnols observent avec inquiétude ce processus. En Europe, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont récemment marqué leur soutien au gouvernement espagnol, se prononçant pour l'unité de l'Espagne.