Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, a procédé, hier, à Constantine, à l'ouverture d'un séminaire régional d'évaluation du secteur de la santé, en présence de cadres centraux du ministère, des DSP, des directeurs des CHU et des établissements hospitaliers privés et publics des wilayas de l'Est. La rencontre se déroulera durant deux jours au siège de la wilaya. Lors de son intervention, le ministre a indiqué qu'un même séminaire se tiendra au Sud, à l'Ouest, au Centre et dans les Hauts-Plateaux. A la fin de l'année, une rencontre nationale se tiendra pour évaluer les recommandations faites et prendre des décisions. Boudiaf rappellera que c'est suite aux directives du président de la République que son département a lancé, il y a deux ans, l'opération de réforme du système de santé. Le ministre a dévoilé par la suite les principaux dysfonctionnements relevés par ses services au cours de cette opération d'audit, parmi lesquels on citera, entre autres, la pression subie par les services des urgences, le faible rendement des structures de santé de proximité, la rareté et la rupture des stocks des produits pharmaceutiques, l'accumulation de dettes grevant les budgets des hôpitaux, le secteur privé non contrôlé et non encadré avec un déficit en textes réglementaires ...Un grand chantier attend le secteur, avertit Abdelmalek Boudiaf C'est pourquoi, dit-il, chaque acteur du secteur de la santé est tenu d'apporter sa contribution. « Il faut chercher d'autres mécanismes pour moderniser et humaniser le secteur de la santé. Après évaluation, nous avons recensé deux principales causes de la dégradation des infrastructures hospitalières : la gestion et l'organisation qui laissent à désirer. Quant au secteur privé, il est livré à lui-même. Il faut encadrer ce secteur, nous avons 54.000 médecins qui exercent à leur propre compte, et ce n'est pas normal qu'ils soient dissociés du public. Le privé et public sont complémentaires. Si nous avions mis dès le départ une stratégie claire, il n'y aurait sans doute pas eu tous ces obstacles », a-t-il lancé. Plan d'action et résultats attendus Le ministre dira qu'afin d'améliorer la situation et de réaliser un saut qualitatif à court terme, une feuille de route de 24 points a été adoptée en même temps que la mise en place de trois plans. Ce programme d'urgence a fait l'objet d'une attention rigoureuse de la part de l'administration centrale qui a organisé des rencontres thématiques. Boudiaf indiquera qu'il est attendu de tous les responsables de la santé de « saisir cette opportunité pour mener un exercice d'auto-évaluation comparée dans la mesure où cette rencontre concerne des wilayas d'une même région et qui partagent des données en matière de besoins sanitaires de la population ». Le ministre rappellera, à cet effet, ce qui a été réalisé dans différents domaines ces derniers temps, à commencer par la prise en charge des cancéreux avec l'ouverture d'unités d'oncologie médicale dans toutes les wilayas du pays, la levée des obstacles administratifs pour l'achèvement des travaux des CAC de Tizi Ouzou, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès et Laghouat, ou encore le renouvellement et le renforcement des capacités des CAC d'Alger. D'autres exemples cités par Abdelmalek Boudiaf concernent l'augmentation du nombre de lits dédiés à la réanimation médicale, qui passe de 200 lits au mois de janvier dernier à près de 900 aujourd'hui, la relance de la formation paramédicale avec une promotion de près de 15.000 paramédicaux cette année, la relance de la greffe des organes et des tissus, l'augmentation du nombre d'unités spécialisées dans les soins à domicile avec 166 unités qui ont mené près de 32.000 opérations, le renforcement de la santé dans les wilayas du sud du pays et les régions enclavées. Enfin, dans le domaine du médicament, Boudiaf rappelle qu'outre la disponibilité des produits, les importations sont mieux maîtrisées à présent, et ce, après le lancement de négociations avec des groupes pharmaceutiques étrangers pour réduire les prix (réduction de 40% de la facture des médicaments importés) sans oublier le soutien accordé au développement de la production nationale et aux 75 unités de production en activité et la validation par le ministère de 150 projets d'unités de production. Enfin, le ministre a indiqué que l'année 2016 constituera « un tournant majeur au titre des réformes profondes et structurantes que connaîtra le système de santé. Cette nouvelle étape impliquera une véritable révolution dans le domaine de l'offre de soins, de la gestion des établissements et de l'allocation des ressources sur la base de critères basés sur des objectifs clairs et une vision prospective de la santé ». Une série de mesures a été présentée, à cet effet, aux participants à ce séminaire régional, en attendant la finalisation du programme d'actions en fin d'année.