Moscou a récemment déployé 28 avions de combat et une « une vingtaine » d'hélicoptères de combat et de transport en Syrie, ont confirmé, lundi dernier, des responsables américains et des sources militaires syriennes. « Notre armée a reçu de Moscou au moins cinq avions de combat ainsi que des avions de reconnaissance qui aident à identifier les objectifs avec une grande précision, ainsi que du matériel de combat sophistiqué pour combattre Daech », a déclaré un haut responsable syrien. D'après cette source, les avions sont arrivés vendredi dans une base militaire dans la province de Lattaquié dans l'ouest du pays. « L'armée syrienne a commencé à les utiliser dans les villes de Deir Ezzor et Raqa, particulièrement sur les positions de l'EI », a souligné ce responsable. Une autre source militaire syrienne a indiqué que l'armée avait « reçu des avions de reconnaissance russes qui permettent aux forces terrestres et aériennes syriennes d'identifier les objectifs avec précision », ainsi que « des radars et des jumelles à infrarouge ». Le soutien russe va nécessairement renforcer les capacités de lutte des Syriens qui « ne vont pas se contenter de rester assis à défendre l'aéroport », a renchéri l'analyste Jeffrey White, du Washington Institute for Near East Policy. Désormais, les Russes « peuvent aller frapper loin en Syrie, même en territoire tenu par l'EI », a-t-il souligné. Cette nouvelle dynamique inquiète les Etats-Unis qui sont déjà à la tête d'une coalition internationale luttant contre Daech. Des responsables à Washington ont indiqué, lundi dernier, qu'une intervention directe des forces russes pour soutenir le régime syrien risquait « d'attirer encore plus d'extrémistes, d'enraciner (le président Bachar al-Assad) et de bloquer le chemin vers une résolution du conflit ». Mais, pour la Russie dont l'ambassade à Damas a été dimanche la cible d'un obus tirée du quartier de Jobar où sont retranchés les groupes hostiles au gouvernement syrien, il faut passer aux « actions concrètes » en Syrie. Tout en qualifiant l'attaque d'« acte terroriste », la diplomatie russe a assuré attendre « une condamnation claire de la part de toute la communauté internationale, y compris des acteurs régionaux » et réclamé « des actes, pas seulement des paroles ». Ce n'est en effet pas la première fois que l'ambassade de Russie à Damas est touchée par des tirs. En mai dernier, un homme avait ainsi été tué à proximité dans de pareilles circonstances. La semaine dernière, Moscou et Washington ont pour la première fois eu un dialogue, au plan militaire, sur la situation en Syrie, une conversation téléphonique jugée « constructive » ayant eu lieu entre les ministres russe et américain de la Défense, Sergueï Choïgou et Ashton Carter. La France a de son côté enregistré une avancée dans sa position sur la situation en Syrie. Son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, estime dorénavant qu'« il faudra conserver l'armée et d'autres piliers de l'Etat. Il faut à la fois des éléments du régime et des membres de l'opposition qui refusent le terrorisme » pour « éviter un effondrement du système comme en Irak ». La solution à la crise syrienne passe par un « gouvernement d'union nationale », a-t-il ajouté dans un entretien publié, hier, par les quotidiens français Le Figaro, suisse La Tribune de Genève, espagnol El Pais, italien La Repubblica et belge Le Soir.