Damas est-il en train de redevenir fréquentable et au centre des enjeux géopolitiques dans une région du Moyen-Orient particulièrement mouvante ? Depuis que l'Etat islamique, ou Daech, a été intronisé menace principale par les acteurs directs et indirects du conflit il y a lieu de le supposer. Le groupe extrémiste sunnite, né en 2006 en Irak et réapparu avec toute sa force en 2013 en pleine guerre en Syrie, a proclamé fin juin un califat islamique sur les régions conquises dans ce pays et en Irak, rebattant les cartes dans la région. Après s'être illustré par les pires exactions, l'EI est de nouveau passé à l'acte, en exécutant mercredi et jeudi plus de 160 soldats syriens dans la province de Raqqa, dans le nord du pays qu'il contrôle. Cependant, Damas continue de mener un combat sans merci contre ces groupes armés. Dans l'est de la Syrie, près de Deir Ezzor, des chasseurs bombardiers syriens ont tué «plusieurs chefs de l'EI, religieux et militaires, dans un raid du régime sur une maison où ils étaient réunis», révèle l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh). Les djihadistes de l'EI occupent désormais le premier plan du conflit en Syrie, qui a fait plus de 190 000 morts depuis mars 2011 selon l'ONU. Ce conflit, qui a dégénéré en guerre généralisée semble évoluer à l'avantage du régime syrien. La pression occidentale contre Damas, soutenu par la Russie et l'Iran, a considérablement baissé. Sa chute a cessé d'être une priorité. Ainsi l'arrivée des djihadistes au devant de la scène semble avoir redistribué les cartes dans une région où les postures des uns et des autres peuvent être mouvantes. Sur le terrain, la situation semble s'être davantage compliquée. Près de la localité de Qouneitra sur le plateau du Golan, occupé par Israël, 43 Casques bleus de l'ONU, originaires des Fidji, ont été retenus, et 81 autres appartenant au contingent philippin sont «empêchés de quitter leurs positions» dans deux localités de la région, a indiqué l'ONU. Les Casques bleus fidjiens de la Force de l'ONU chargée de l'observation du désengagement (Fnuod) entre la Syrie et Israël, ont été capturés après des combats entre l'armée et des groupes rebelles. Le Conseil de sécurité a appelé à leur «libération immédiate». L'EI est engagé également dans une offensive chez le voisin irakien, où il a pris de larges pans de territoire depuis le 9 juin, poussant les Etats-Unis à intervenir. Mais le président américain, Barack Obama, a affirmé «n'avoir pas encore de stratégie» sur un large plan, alors que Washington avait laissé entendre depuis plusieurs jours de possibles frappes aériennes en Syrie contre l'EI. Les Etats-Unis semblent dans une position embarrassante, dans la mesure où Washington et Damas pourraient se retrouver, ironie du sort, face à un ennemi commun. L'armée américaine mène, depuis le 8 août, des frappes aériennes dans le nord de l'Irak. Selon des informations distillées par les médias occidentaux, ces frappes ont notamment permis à l'armée irakienne et aux forces kurdes de reconquérir le barrage stratégique de Mossoul, qui était aux mains des djihadistes. M. B./Agences