La donne syrienne évolue. Pour évier des « incompréhensions » dans leurs campagnes musclées contre Daech, Russes et Américains ont opté pour un dialogue direct et franc. Ils pourraient même coordonner leurs actions militaires ...en Syrie. Pour la première fois depuis un an, les ministres de la Défense américain, Ashton Carter et russe, Sergueï Choïgou, ont ouvert un dialogue militaire « constructif » sur la lutte contre le groupe terroriste sur le territoire syrien... Mieux, en complément de ces discussions, les premières depuis février dernier, date de l'entrée en fonction du responsable américain, Vladimir Poutine, le patron du Kremlin, rencontrera, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, Barack Obama, son homologue américain. Selon le Kremlin, il pourrait annoncer, lors de son discours prévu le 28 de ce mois, le lancement d'une coalition anti-terroriste, coalition élargie incluant le régime de Damas et plusieurs pays de la région. Comme pour préparer cette rencontre au sommet, John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, a téléphoné à son homologue russe, Sergueï Lavrov, au moins à trois reprises ces derniers jours. Au menu de leurs discussions relayées par MM. Choïgou et Carter, qui ont convenu de poursuivre leurs discussions, selon leurs porte-paroles respectifs : le Moyen-Orient, en général, et la situation en Syrie et en Irak, en particulier. Obama exige le départ de Bachar al-Assad. Poutine défend sa stratégie en Syrie. Il estime que sans son soutien à al-Assad, la crise migratoire serait encore pire. Moscou, qui est accusé par Washington d'augmenter le nombre des troupes russes en Syrie, notamment à Lattaquié, a appelé à plusieurs reprises la coalition internationale, menée par les Etats-Unis, à se concerter et à coopérer avec l'armée syrienne. Les Américains et leurs alliés ne veulent pas entendre parler d'une coopération avec al-Assad, principal responsable pour eux de la crise en Syrie. « Nous n'acceptons pas le postulat russe selon lequel, d'une certaine manière, Assad peut être un partenaire crédible dans le combat contre daech », a souligné vendredi le porte-parole adjoint du département d'Etat, Mark Toner. Face à l'avancée de Daech et au fiasco de l'entraînement de rebelles syriens modérés, les Américains vont-ils continuer à ignorer l'option russe qui ne réserve pas de traitement particulier à Bachar el-Assad ? « L'Etat de Syrie a besoin d'un soutien, pas personnellement d'Assad, mais d'un Etat, afin d'y imprégner, au moins, un certain modèle de gouvernance. Ce modèle existe et il fonctionne », a rapporté Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.