Anès Berdjem, originaire de Mila, a disparu le 15 septembre dernier devant le domicile de son grand-père maternel, au niveau du quartier El Kouf, à Mila. Bensaâda Imad-Eddine, âgé à peine de deux ans, a disparu de son village Djefafla, situé dans la commune de Marsa el Hadjadj (wilaya Oran). Il n'a plus donné signe de vie depuis mardi dernier à 17h. Le troisième, âgé de 2 ans et demi, originaire d'El Eulma, wilaya de Sétif, a disparu le 19 septembre. Hier, une source proche du dossier a confirmé à l'APS, les informations rapportées par Horizons dans l'édition d'hier. Le corps sans vie découvert vendredi à Djermane, près d'El Eulma (Sétif) n'est pas celui du petit Anès Berdjem. Une source proche de l'enquête a confirmé qu'il s'agit bien du petit Abderrahim G., âgé de deux ans et demi. Son père Farès a avoué être l'auteur du crime. Ce dernier a affirmé avoir assassiné l'enfant par strangulation. Contacté, son oncle maternel, Kettaf, a affirmé que la famille de l'enfant l'a reconnu à travers ses vêtements qu'il portait le jour de sa disparition. « Il a été décapité, et sa tête a été retrouvée loin du corps et enveloppée dans un grand sac en plastique. Des chiens errants ont dévoré des parties de son corps. On nous a pas confirmé son identité car nous devons attendre les résultats des analyses mais nous sommes sûrs que c'est bien notre petit Rahim », a précisé son oncle. « Nous avons été auditionnés par les enquêteurs de la police jusqu'à une heure tardive du dimanche. La maman du petit et ses frères ont été relâchés vers 22h, alors que le père de l'enfant est toujours en garde à vue », a-t-il raconté. Les faits remontent à samedi 19 septembre. Le père d'Abderrahim est venu récupérer son fils dans le cadre du droit de visite que la justice lui a accordé après son divorce. Il devait le rendre à sa mère vers 12h. « On a déposé dans la matinée du dimanche une plainte au commissariat pour non-remise de l'enfant à sa mère. On était surpris lorsque le père a assuré qu'il a remis l'enfant à son oncle maternel, ce qui est faux. L'enquête va déterminer les responsabilités et les circonstances de ce drame », nous a-t-il confié. Des problèmes existeraient entre les parents à cause de la pension alimentaire. investir dans l'éducation qualitative Mme Samira Fekrache, psychologue, explique que les mutations qu'a connues la société algérienne sont à l'origine de nouvelles formes de criminalité. Elles ont comme conséquence la non-protection de l'enfant et la non-assistance aux parents. « On n'est plus réduits aux cas classiques de violence à l'encontre des enfants. Des mamans commettaient des crimes à cause des troubles psychiques. De nos jours, on est passé à la figure du papa auteur de violence et crime », a constaté la psychologue. Cette dernière plaide pour la restructuration de la famille et son implication réelle dans l'éducation de l'enfant et l'investissement affectif. « Avoir un enfant est devenu une raison sociale, pour rentrer dans le moule de la société. Cette fuite de responsabilité de la part des parents fait de l'enfant un otage. Il y a aussi l'absence de relais, c'est-à-dire l'accompagnement de la grande famille qui a également démissionné », souligne-t-ell. « Avoir un enfant doit être un projet de vie pour le couple », soutient-elle. Mme Fekrache souhaite la mise en place de mécanismes efficaces pour protéger l'enfant à travers des institutions qui interviennent même dans les conflits familiaux. « Une telle action ne soit pas être occasionnelle. On ne doit pas travailler dans le cas des catastrophes seulement. Il faut sensibiliser en permanence et investir dans l'éducation qualitative car c'est la manière la plus efficace pour protéger nos enfants », a-t-elle conclu. Les fugues sont fréquentes Le président du réseau algérien pour la défense des droits de l'enfant (Nada), Abderrahmane Araâr, a souligné que « les fugues d'enfants sont fréquentes ». Selon lui, le système de protection de l'enfance est très fragile. « Il y a des enfants abandonnés, exploités dans la mendicité par les parents. L'enlèvement et l'assassinat sont une extrême violence à l'encontre des enfants. Aujourd'hui, on fait face à un phénomène d'insécurité au sein de la famille. L'enfant n'est pas protégé dans propre son milieu et il subit les conséquences des conflits familiaux », souloigne-t-il. Evoquant les dernières disparitions, le président de Nada a plaidé pour le relancement du projet Alerte Enlèvement. « Les numéros verts de la gendarmerie et la police sont efficaces mais il faut un accompagnement à travers la mise en place d'un dispositif d'intervention efficace et rapide. Il faut impliquer la famille et la société civile dans la protection de l'enfance », a-t-il soutenu. La responsable du bureau national de la protection de l'enfance et de la délinquance juvénile à la direction de la police judiciaire, la commissaire divisionnaire Kheïra Messaoudene, est formelle. « La dégradation des valeurs morales et la démission de la famille sont à l'origine de ce phénomène. Toutes les enquêtes menées par la police révèlent que les parents portent souvent une partie de responsabilité ».