Rencontré dernièrement à Alger, lors du 8e festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), le bédéiste belge Etienne Schréder, qui assure depuis le lancement du Fibda, la formation de jeunes bédéistes, s'est dit « satisfait » et a qualifié l'événement de « succès fulgurant surtout que ce festival est en train de mûrir. C'est un lieu privilégié pour les jeunes créateurs et les spécialistes de la BD. Ce festival est essentiel surtout qu'il offre cette possibilité de réellement parler avec tous les acteurs de la chaîne du 9e art. » Il a évoqué la formation de jeunes bédéistes entamée en janvier en 2012 avec un rythme d'une semaine par mois. « Au départ, j'étais venu avec une fausse idée sur la jeunesse algérienne. D'ailleurs, j'avais ramené un programme de formation sur les rudiments de la BD. Par conséquent, je me suis retrouvé avec des jeunes avec un niveau supérieur. Ce qui m'a amené à refaire mon programme. Puis, en 2011, nous avons assuré la formation de quatre semaines à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Nous avons senti le besoin de continuer le cycle de formation, où une vingtaine de jeunes ont assisté à ce programme. Notre objectif était de réaliser un album collectif ou individuel. » Il poursuit en expliquant son expérience. « La formation était directement destinée à la production de la BD. Certains jeunes ont découvert qu'ils étaient capables de dessiner. Nous voulions montrer aux élèves la manière de raconter une histoire avec des images, en BD. Cela implique une foule de choses, comme l'écriture du dialogue, le découpage et la dynamique de l'histoire. Il fallait que les idées viennent d'eux ». Ainsi, deux albums petit format, Waratha I et Waratha II, ont été produits et seront disponibles lors du Fibda. Ces deux albums sont le fruit de cette formation. « Certains jeunes publient pour la première fois une BD. Ce n'est pas un trait uniformisé. Mon travail n'était pas de leur apprendre à dessiner, mais de leur donner des conseils professionnels pour pouvoir le faire. Ce qu'ils ont fait n'est pas un travail d'historien », a précisé M. Schréder. Né à Bruxelles en 1950, Etienne Schréder est venu à la bande dessinée après plusieurs détours. Etudiant en droit, il bifurque vers la criminologie et travaille en milieu pénitentiaire durant cinq années. Le domaine social restera le cadre de ses activités professionnelles. Mais en 1989, ses premiers récits en noir et blanc paraissent dans le défunt magazine BD (à suivre). En 1990, Etienne Schréder devient dessinateur à part entière. Il participe à l'élaboration graphique du film « Taxandria » de Raoul Servais, publie plusieurs albums chez divers éditeurs dont « Le Secret de Coïmbra » paru chez Arboris, « Loups » chez le même éditeur en 1995, « La Couronne en papier doré » chez Casterman en 1998, « Les Architectes du temps » chez Ebel ou « Le Crocodile enchaîné » chez Audoin. Il collabore, également, avec Alain Goffin, François Schuiten, Bernard Yslaire, Ted Benoit... Il signe pour Carrément BD « Le vol d'Icare » et le scénario de « Ecce Homo » paraissant simultanément avec « Mary ». En projets, il souhaite poursuivre son aventure avec le Fibda et envisage de réaliser un projet commun avec des bédéistes algériens et cubains.