En favori en puissance, le président sortant, Alpha Condé, revendique un nouveau mandat pour aller de l'avant et approfondir le processus de « paix, de tranquillité et de concorde nationale ». Dans un scrutin de toutes les tensions, révélées par une campagne électorale houleuse, le déroulement des opérations a été marqué par le renforcement du dispositif sécuritaire mobilisant plus de 18.000 policiers et gendarmes pour assurer la sécurité du vote dans les 33 préfectures. Dans un duel épique opposant le président Alpha Condé et l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, son rival de toujours et candidat malheureux à la précédente consultation, tous les clignotants semblent au vert pour une reconduction du mandat qui ne fait pas, aux yeux des observateurs, l'ombre d'un doute. Mais, le climat de vives tensions n'est pas pour rassurer. Une guerre de tranchée, affichant un bilan plutôt sombre (plusieurs morts et plusieurs blessés), anime les militants du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé et ceux de l'Union des forces démocratiques (UFDG) de Diallo. Dans cette jeune démocratie qui vit sa seconde élection pluraliste, la victoire qui se dessine pour le camp présidentiel est contestée par l'opposition criant au dysfonctionnement et à la fraude. Alors que, à quelques heures de l'ouverture du scrutin, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) assure que les cartes d'électeur ont été distribuées à plus de 90% dans l'ensemble du pays, les 7 candidats pointent les multiples « anomalies » et « irrégularités » recensées dans la non-distribution d'une multitude de cartes d'électeur et l'inscription présumée indue sur les listes électorales de nombreuses personnes, « notamment des mineurs », comme motifs pour réclamer un report de l'élection. L'opposition menace, dans une déclaration commune, de ne pas reconnaître les résultats, en l'absence des aménagements exigés. Plusieurs missions de l'Union européenne (72 observateurs), de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats d''Afrique de l'Ouest (Cédéao) sont déployées sur tout le pays pour veiller à la régularité du scrutin. Serait-ce suffisant pour lever les appréhensions du groupe des 7 ? A tout le moins, le président sortant, marqué par la dure épreuve d'Ebola, a mené campagne pour le parachèvement des réformes dans l'armée et la justice. Mais, indéniablement, il se dit fier du « premier acquis » de son premier mandat qui garantit « l'élection au premier tour », selon le directeur général du projet, Elhadj Lansana Fofana. Le projet du barrage hydro-électrique de Kaléta, destiné à pallier la pénurie d'électricité, est l'arme fatale de Condé accusé par ses rivaux de mauvaise gestion, notamment d'Ebola, d'exercice solitaire du pouvoir et d'attiser les tensions ethniques, notamment envers les Peuls d'où Diallo est originaire. Face aux risques de dérapage, les appels au calme se succèdent pour garantir des élections pacifiques et transparentes dont la réussite est de la « responsabilité de tous les acteurs concernés », a estimé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, déplorant dans un communiqué les récentes violences qui ont eu lieu dans le pays. Il a appelé « les chefs politiques et leurs sympathisants à résoudre par le dialogue les points de désaccord restants et à régler tout différend lié au processus électoral à travers les voies légales ». Il a aussi réitéré l'engagement des Nations unies « à soutenir le processus électoral et à soutenir les efforts du pays pour renforcer ses institutions démocratiques ».