« Pour marquer la journée nationale de la presse, quoi de mieux que l'inauguration d'une maison de la presse portant le nom du défunt grand journaliste Malik Aït Aoudia dont la famille a donné et sacrifié 13 de ses meilleurs enfants pour que l'Algérie se libère du joug colonial », a confié le ministre de la Communication, Hamid Grine qui s'est déplacé jeudi à Tizi Ouzou pour procéder à l'inauguration de la maison de la presse de la ville. La cérémonie a eu lieu en présence de son homologue de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El Hadi et des autorités locales, à leur tête le wali Brahim Mérad. Un joyau architectural Grine et Ould Ali ont fait auparavant une escale au niveau de la stèle dédiée à la liberté de la presse et aux défunts journalistes. Ils ont déposé des gerbes de fleurs et récité la Fatiha à la mémoire des journalistes disparus. Pour rappel, cette baptisation a suscité quelques remous au sein de la corporation locale. L'association des journalistes et correspondants de Tizi Ouzou avait même observé un sit-in de protestation sur l'esplanade de la nouvelle structure Profitant d'un point de presse, le ministre de la Communication a remis les pendules à l'heure en apportant des clarifications et mises au point. « Si l'on m'avait informé que l'association devait être partie prenante dans cette baptisation, je n'aurai pas eu de problèmes à en discuter. Je n'ai jamais fait dans l'exclusion ou le mépris de quelque journaliste ou corporation que ce soit », a-t-il affirmé. Le quiproquo levé, le ministre a eu à répondre ensuite à de nombreuses des questions. L'incident provoqué par le zèle des « pafistes » français et la fermeture de la chaîne de télévision privée El Watan ont été remis sur la table. Pour le ministre, « le ministère des Affaires étrangères s'est chargé du dossier, pour moi, clos après les excuses du ministre de l'Intérieur français ». S'agissant de la chaîne El Watan TV, le ministre fera remarquer « qu'elle avait dépassé les limites ». « Les règles universelles veulent que dès lors que l'on vous accorde un asile dans un pays, et jusque-là l'Algérie s'est montrée généreuse en la matière, on ne doit pas franchir certaines barrières en remettant en cause les institutions et les symboles fondamentaux d'un pays ». « Dès lors que vous le faites, il est normal que le pays hôte vous renvoie », a-t-il ajouté. « La plupart de ces chaînes exercent dans l'informel. Celle qui touchera aux symboles et aux fondamentaux de la République et de l'Etat sera traitée sans aucun état d'âme », a-t-il clamé. Le ministre fera tout de même part de « disponibilité à discuter avec tout le monde et à étudier au cas par cas ». « Dans les prochains jours, il y aura du nouveau dans ce dossier », a-t-il annoncé. « Des journalistes du secteur privé sont mal rémunérés » Le ministre a par ailleurs mis l'accent sur la professionnalisation des médias et surtout sur l'éthique et la morale des journalistes et des éditeurs. Il a aussi insisté sur la prise en charge des conditions socioprofessionnelles des travailleurs des médias notamment du secteur privé. « De nombreux journalistes y sont mal rémunérés », a-t il relevé. En réponse à une question relative au monopole de l'Anep sur la publicité publique, le ministre, tout en précisant que la loi portant code sur la publicité n'est pas encore soumise au gouvernement, a indiqué que « c'est l'annonceur public qui choisit ses supports. Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurai accordé de la publicité aux journaux qui paient le mieux leurs journalistes et leur assurent une couverture sociale. 85% des annonces de l'Anep se retrouvent dans la presse privée alors que les 15% restants sont au public », a-t-il tenu à préciser. Il a également évoqué la formation des journalistes qui doit être prise en charge par les employeurs. Quant à la création d'un journal en langue tamazight, Grine soulignera « la disponibilité de l'Etat à accompagner toutes les initiatives dans ce sens ». Il aura la même réponse à une question relative à la création d'une revue de cinéma. Le ministre a aussi indiqué que sur les 15 prix institués pour le Prix du président de la République, seuls 8 ont été décernés. « Les sept autres, du fait du niveau et de la qualité des écrits, ne seront pas décernés », a-t-il affirmé. Pour conclure, nous ne manquerons pas d'évoquer l'émotion du père de Malik Aït Aoudia qui a exprimé sa fierté d'être un Algérien, « tout comme l'était son fils. »