Lui-même étudiant à Paris en 1957, l'historien se rapprochera de ses homologues algériens et exprimera sa sympathie au mouvement ce qui lui vaudra une expulsion de France. Revenant sur cette période riche historiquement dans le contexte politique de l'indépendance algérienne et sur l'engagement des jeunes universitaires, Clément Moore après un travail de longue haleine et de recherches donne à lire une étude introspective et historique sur ce qui a été le militantisme estudiantin dans le cadre historique de la lutte algérienne pour la liberté. Cette «sociohistoire» selon le préfacier, Ali El Kenz fait intervenir plusieurs personnalités politiques, universitaires et autres acteurs qui vont, l'un après l'autre, définir le rôle de l'UGEMA, ses objectifs, son appartenance dans la sphère politique d'alors, pour aboutir à «sa brève existence» . Remettant en cause les divergences qui auraient miné l'UGEMA, Clément Moore essaie dans ce livre somme de faire des recoupements à travers les différents avis et ressortir la réalité de l'effacement d'une union historique remplacée par l'UNEA en un contexte politique complexe. Des différends ayant pris racine dès sa création «pour l'adoption de la lettre «M» (musulmans)», définissant ainsi la ligne de l'Union afin de l'éloigner d'un «endoctrinement» communiste. C'est vers cette «génération charnière», que l'auteur revient cinq décennies plus tard et faire revivre «une prise de conscience qui commença pour certains dès le lycée voire le collège…» Que reste-il d'une union qui éveilla l'intérêt et la solidarité «de toute une génération d'étudiants à travers le monde», des personnes qui l'ont encadrée et véhiculé son message, des contradictions et contreverses, des exigences ayant articulé l'association éphémère ? Les différents entretiens amènent le lecteur de ce «recueil de mémoires» à approuver ou à refuser les thèses des personnes interviewées. «L'histoire de l'UGEMA résume le problème des corps intermédiaires et de la représentation en Algérie : la direction instruite ne pouvait pas servir de représentant efficace à une société complexe et en pleine mutation. Comme l'illustrent un certain nombre de témoignages présents dans cet ouvrage, l'Algérie a perdu l'art d'association en 1961…»