La reine du maqam irakien Farida Mohamed-Ali et les chanteurs algériens Salim Fergani et Rym Hakiki ont offert, dimanche dernier, au public du théâtre régional de Constantine (TRC), en ouverture du 9e festival culturel international du malouf, un moment de pur plaisir. Surnommée la Voix de la Mésopotamie, Farida Mohamed-Ali, accompagnée par l'ensemble irakien Maqam, a entamé son tour de chant en saluant le public constantinois à sa manière en lui interprétant une chanson dédiée à l'Algérie : « Tahia irakia ilal djazaïr ». Elle a ensuite enchaîné, toujours en guise de clin d'œil au public algérien, avec le « tube des tubes » du répertoire de Rabah Driassa, « Nedjma Kotbia ». Cette diva du maqam classique arabe, déterminée à perpétuer le patrimoine musical de sa terre natale, malgré son exil aux Pays-Bas depuis 1997, a également interprété des chansons puisées du riche répertoire populaire irakien. Elle a notamment envoûté l'auditoire avec « Habibi rah ou majana » qui a délivré un doux parfum oriental du maqam. A travers les rythmes de cette chanson ainsi que de « Ya ba ya ba » et « El Oyoun Essoud », Farida a fait voyager l'imaginaire de l'auditoire vers les oasis, les palmeraies et les paysages de la Mésopotamie, ainsi que le long des berges du Tigre et de l'Euphrate, témoins de la gloire des arabes depuis l'aube des temps. Elle n'a pas manqué de rendre hommage à la ville de Bagdad, la capitale irakienne meurtrie. Au cours d'une conférence de presse animée avant l'ouverture du festival aux côtés de son époux, Mohammad Gomar, membre de la troupe Maqam, la diva Farida a souligné qu'il s'agit-là de sa deuxième participation au festival international du malouf qui lui permet, a-t-elle affirmé, d'assumer pleinement son attachement à cet héritage culturel ancestral. Elle a aussi fait part d'un projet d'enregistrement des maqamate en collaboration avec plusieurs artistes irakiens dans le but de perpétuer ce patrimoine musical et le transmettre aux jeunes générations. Ce fut ensuite au tour de Rym Hakiki, élégante comme à son habitude, de donner, avec sa voix mélodieuse, du bonheur à une assistance constituée majoritairement de familles. Rym qui a réussi à imposer son nom dans le haouzi en réussissant le pari de donner à ce genre musical une touche moderne, a harmonieusement chanté la passion, la beauté et l'éloignement de l'amant à travers une nouba Rasd dil qui a administré la preuve de l'attachement de cette artiste à l'authenticité. La soirée d'ouverture qui fut algéro-irakienne avait été entamée par Salim Fergani qui a su, grâce à sa voix puissante et suave à la fois, porter la beauté du malouf constantinois. Le ténor, entouré de sa troupe de musiciens, a « ensorcelé » un auditoire attentif, sachant apprécier ce genre séculaire de musique authentique caractérisé par ses expressions saines et une symphonie agréable. Après avoir plongé la salle du TRC dans une ambiance nostalgique de la musique arabe savante, à travers une nouba Sika, Salim a quitté la scène sous un tonnerre d'applaudissement et de youyous. La première soirée de cette manifestation culturelle a été marquée par un hommage aux maîtres du malouf qui ont fait la réputation de ce patrimoine ancestral, en l'occurrence le doyen Hadj Mohamed-Tahar Fergani et « l'enseignant des générations », cheïkh Kaddour Darsouni. La soirée d'hier du festival culturel international du malouf, placé sous le thème « Le malouf, héritage des générations », et qui se poursuivra jusqu'à samedi prochain, a été « confiée » aux artistes Sofiane Ezzaïdi de Tunisie, Mohamed Benthabet Dorbani (Algérie) et à la troupe de l'artiste Mohamed-Cherif Nasr, lauréate du 1er prix de la dernière édition du festival national de la musique andalouse. Cette 9e édition s'est ouverte en présence d'un représentant du ministre de la Culture, des autorités locales et de chouyoukh ayant contribué à donner ses lettres de noblesse à la musique arabo-andalouse.