Constantine, ville lyrique abritera, pour la cinquième fois du 25 au 30 novembre en cours, le Festival international du malouf. Organisé par le commissariat du festival, sous l'égide du wali, cette manifestation verra un panel de grands artistes se produire chaque soir à partir de 19h, au TRC. Seront présentes, entre autres, les troupes "Chouyoukh El malouf", de Tunisie, "El Andaloussiate", du Maroc, "Maqâm", de Constantine, et "Al maqâm (avec la célèbre diva Farida)", d'Iraq. D'autres artistes prestigieux, à l'exemple de Ghada Chabir, du Liban, Salim Fergani, d'Ahmed Aouabdia et Samir Boukridira, de Constantine, seront également présents. Un hommage sera rendu, durant l'évènement, au grand cheikh du malouf, Larbi Benlebdjaoui (âgé de 91 ans, avec une carrière musicale de plus de 40 ans). Pour rappel, le même hommage a été rendu au défunt cheikh Abdelkader Toumi, lors de la précédente édition. Des conférences autour du malouf seront régulièrement animées par des connaisseurs de ce genre musical, à 14 h, (avant les spectacles), à la Maison de la culture, Mohamed-Laïd Al Khalifa. Le directeur de la culture, Djamel Foughali, a tenu à préciser lors de la conférence de presse organisée hier à la même Maison de la culture, qu' "il y aura une belle surprise qui rehaussera encore ce festival". Des artistes et des troupes de cinq pays ont confirmé leur participation à la 5ème édition du Festival international du Malouf, prévue à Constantine à partir de vendredi prochain, selon le programme de la manifestation rendu public mardi par la direction de la culture. Qu'est ce que le Malouf ? Les origines du Malouf (au vu de la similitude d'une bonne partie des textes et de l'architecture de la quasi-totalité des Noubas) sont les mêmes, que ce soit en Algérie où il s'est fortement ancré dans le Constantinois, à un degré relativement moindre en Tunisie, ou beaucoup plus tard en Libye. Elles remontent à la période andalouse qui a aussi influé d'autres courants et écoles de musique arabe classique, connu dans le centre algérien du nom de Al-Sanâa ou à l'Ouest de celui d'Al-Ghernata. Chaque pays lui a, alors, apporté une touche spécifique et un cachet distinctif dans le mode d'interprétation. S'il a su se préserver en Algérie, grâce à l'existence d'une politique culturelle et à un "remarquable travail du mouvement associatif, s'il est naissant en Libye avec "l'apport précieux de l'inusable Mohamed Aribi", le Malouf en Tunisie continue de faire l'objet d'une prise en main des pouvoirs publics pour le maintenir en vie, autant que possible, à travers notamment le système éducatif, l'organisation d'un festival propre (festival annuel de Testour), et sa vulgarisation dans les centres culturels du pays, estime M. Zeghenda. Tentatives de sauvegarde d'un patrimoine qui se meurt. Patrimoine ancestral, authentifié, enregistré, et donc, heureusement, préservé, grâce à l'apport de nombreuses personnalités tunisiennes qui en sont devenues les symboles, à l'exemple des regrettés Cheikhs Mohamed El-Ouafi, Khemais Ternane, Abderrahmane et Salah El-Mehdi, et, aujourd'hui, Tahar et Zied Ghersa, le Malouf se meurt dans les cœurs de la jeune génération tunisienne, captivée plutôt par les chansons légères et rythmées, des belles chanteuses et jeunes chanteurs arabes, notamment Libanais et Egyptiens. Même aux plus forts moments du festival qui vient de lui être consacré à Testour (quelque 80 km à l'Ouest de Tunis), avec une participation du chanteur algérien Mohamed Segueni, le Malouf est éclipsé, aussi bien dans les coeurs que dans les médias, par d'autres festivals d'été, principalement le Festival de Carthage qui, comme d'habitude, accapare toutes les attentions. Paroles d'amateurs et de spécialistes: le Malouf, on aime bien. On est conscient de son importance et de son authenticité. On s'y intéresse, souvent par des jeunes ce qui pousse à l'optimisme, de l'avis de nombreux tunisiens, mais pas suffisamment, tout comme pour ce qui concerne d'autres genres lyriques, afin de faire face à la chanson moderne "fast food", de durée éphémère certes, mais à l'impact indélébile sur le devenir culturel arabe. Une nouvelle forme de culture émerge en effet, de plus en plus attrayante jusqu'à voir se reconvertir à elle de grands noms de la chanson arabe, et qui, à ce rythme, ne produira plus jamais, craint-on, de chefs-d'oeuvre ou de grands classiques.