Dimanche, à l'aube, deux groupes d'enquêteurs russes et égyptiens ont quitté Le Caire en compagnie du ministre russe des Transports, Maxime Sokolov, pour être héliportés sur les lieux du crash, ont indiqué les médias gouvernementaux égyptien et russe. Parallèlement, une centaine de secouristes russes ont pris la route avec leurs propres équipements pour rallier le site du drame. Alors que les secouristes s'affairent à retrouver les 61 corps manquants, la thèse de l'explosion en plein vol l'Airbus A321-200 de la compagnie russe, Kogalymavia, plus connue sous le nom de Metrojet, se confirme. A ce stade des investigations, il apparaît que l'avion n'a pas touché le sol en un seul morceau. Des débris et des corps ont été retrouvés dans un rayon de 15 km, selon les autorités égyptiennes. Il s'agit de la seule certitude du crash de toutes les incertitudes régnant dans la région du Sinaï hantée par le groue terroriste Daech et étrangement désertée par les compagnies occidentales (Air France, Lufthansa) et arabe (Emirates) décrétant, par « mesure de sécurité », le refus de survoler de la zone « jusqu'à nouvel ordre ». Cette sortie pour le moins équivoque tranche avec le rejet de la thèse de la main de l'EI, revendiquant le crash en représailles aux bombardements russes. Elle a été fermement rejetée par Moscou jugeant cette revendication inexacte. Pour le ministre russe des Transports, Maxime Sokolov, les Egyptiens « ne disposent d'aucune information qui confirmerait de telles insinuations ». C'est le cas également des experts résolument sceptiques et privilégiant plutôt la piste d'une défaillance technique ou d'une bombe placée à bord. Ce que conteste non seulement le ministre égyptien de l'Aviation civile, Hossam Kama, assurant que les « communications entre le pilote et la tour de contrôle étaient normales » jusqu'à la perte de contact 23 minutes après son décollage de l'aéroport de Charm el-Cheïkh, mais aussi la compagnie russe Metrojet, affirmant dans un communiqué que l'appareil a subi un contrôle technique complet en 2014, tout en défendant son pilote qui comptait à son actif 12.000 heures de vol. La découverte des boîtes noires, annonce le Premier ministre égyptien, Chérif Ismaïl, lors d'une conférence de presse, va certainement contribuer à lever le voile sur la tragédie du Sinaï qui a frappé les Russes et les Egyptiens au cœur de leur coopération dans l'éradication du Daech, notamment en Syrie. Tout reste du domaine du possible dans ce jeu de massacre aux enjeux planétaires. Autour de la commission d'enquête, établie à la demande de Poutine et du Premier ministre Medvedev, la riposte s'organise pour, d'abord, prêter main-forte aux familles des victimes et apporter les clarifications nécessaires. Les membres de la commission, constituée du ministre Transports Maxime Sokolov, du ministre des Situations d'urgence Vladimir Pouchkov, des secouristes, des médecins et des représentants de départements gouvernementaux tels que le Comité d'enquête et le ministère de la Santé, sont en route vers l'Egypte à bord de trpois avions dont l'un s'est déjà rendu sur le site du crash. En Russie, les locaux de la compagnie et du tour opérateur ont été également perquisitionnés. Que révélera l'énigme du Sinaï ? L'Europe, « prête à offrir toute l'assistance nécessaire à l'enquête », selon le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, se mobilise pour le moment pour engager la procédure d'usage pour les incidents impliquant son consortium, Airbus, en délégant des enquêteurs français et allemands en Egypte.