« Pourquoi le 1er Novembre 1954 ? », c'est le thème d'une journée d'étude que l'association Med Action, présidée par Hocine Smaali, a organisée, samedi dernier, dans la ville d'Akbou pour débattre avec le public invité de cet évènement historique qui a changé le destin de l'Algérie après une guerre sans nom qui a duré plus de sept ans et qui a laissé de douloureuses cicatrices sur les deux rives de la Méditerranée. Acteur de cette révolution, Rachid Adjaoud, ancien officier de l'ALN, qui s'est lancé dans l'écriture de l'Histoire, a estimé qu'il fallait que celle-ci livre tous ses secrets et éclaire toutes ses pages sombres pour qu'elle puisse devenir une histoire « apaisée » et que cela doit se faire aussi bien en Algérie que chez l'ancienne puissance coloniale, indiquant qu'on a « besoin d'entendre tous ces Français amis de l'Algérie tout en mettant en relief qu'aujourd'hui les langues commencent à se délier de l'autre côté de la Méditerranée avec les témoignages de plus en plus nombreux des témoins de cette guerre. De son côté, l'historien français Gilbert Meynier s'est attelé à expliquer les causes qui ont mené au déclenchement de la guerre de Libération, que les autorités françaises de l'époque avait interprétée comme un complot égypto-russe dans le contexte de la guerre froide. Cet évènement historique ne peut, en fait, être compris, avance-t-il, sans l'insérer dans le lourd contentieux né d'une colonisation violente, de la destruction du mode de production communautaire et son remplacement par un capitalisme agraire, par la force, la déstructuration culturelle et la destruction du système de représentation sociale. Il a estimé que ce qui s'est passé durant la Première Guerre mondiale, avec l'envoi des premiers contingents d'émigrés algériens dans la métropole, est fondamental pour comprendre cet aboutissement, mettant en exergue le fait que le mouvement national moderne ait pris racine parmi cette communauté et que c'est l'élite petite bourgeoisie algérienne qui ait pris les rênes de la lutte armée, désabusée par un discours réformiste mensonger. Le conférencier citera d'ailleurs cette phrase de Mouloud Feraoun qui a écrit : « C'est terminé, il n'y a plus rien à réformer. ». L'historien, qui a évoqué les difficultés d'accès aux archives historiques que ce soit en Algérie ou en France, a estimé que la mèche allumé le 1er novembre 1954 était nécessaire pour débloquer la situation, mais que c'est surtout l'action diplomatique qui a réellement enclenché le processus menant à l'indépendance. De son côté, l'historien Gilles Manceron notera, dans sa conférence sur « le FLN ou la construction d'un anticolonialisme moderne », que la guerre d'indépendance ne doit pas être décontextualisée des évènements historiques qui l'ont précédée, en particulier les nombreux mouvements de résistance qui ont émaillé le processus de colonisation de l'Algérie. La dernière conférence de Tahar Khalfoune s'est, quant à elle, intéressée à « la domanialisation de la propriété foncière en Algérie, la spoliation couverte de l'habit de la légalité ».