Inscrite dans le cadre du programme d'animation culturelle de l'ANEP, une rencontre ayant pour thème « Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent » a vu la participation de plusieurs écrivains et personnalités dont madame l'ambassadrice de Suisse, Muriel Berset Kohen. Pendant 40 minutes, les hôtes ont écouté l'intervention de Jean Ziegler, exceptionnel témoin de notre époque. Selon Celui-ci, le malaise mondial se traduit par l'indisponibilité des biens et leur insuffisance à satisfaire et à répondre aux besoins des populations. « Soit un déséquilibre qui accompagne encore le monde et l'humanité tout comme l'avait prévu Karl Marx », dira le conférencier. Selon lui, l'objectivité aussi a disparu, les forces de production sont potentialisées et le monde a accéléré de 1992 à 2002 en termes de globalisation. Après 1991, dira-t-il, le manque de production et le capitalisme se sont propagés rapidement et a conquis la planète. Selon lui, le monde a atteint aujourd'hui 87 milliards de production et la consommation d'énergie double chaque année. « C'est exceptionnel mais frustrant », dira cet expert. A cela s'ajoute, a-t-il fait remarquer, une formidable inégalité. « Le néolibéralisme qui empoisonne la conscience collective et le monde qui ne fait que courir derrière ses propres intérêts », a-t-il précisé. Selon lui, il est regrettable de voir, malgré toutes les avancées enregistrées, que 57.000 personnes meurent de faim tous les jours, selon les chiffres de la FAO. Il citera aussi comme exemple le vol des terres estimées à plus de 41 milliards d'hectares en Afrique dont le tiers a été brûlé à titre d'intérêts personnels. Aussi, fera t-il remarquer, la dette extérieure des pays du tiers monde reste « écrasante ». Où est l'espoir ? Comment briser la tyrannie mondiale ? Et comment agir contre le rejet ? Ce sont là autant de questions posées par Jean Ziegler, ce révolté par la misère du monde, indigné par les profondes inégalités et par la destruction de la planète.